Des élections pour les collectivités territoriales face à des engagements d’Haïti d’atteindre les ODD-H2030
Hier dimanche 29 Janvier 2017, le Conseil Electoral Provisoire (CEP) a organisé le second tour des élections législatives et également, le plus important, des joutes pour les collectivités territoriales, dans une ambiance globalement calme avec certaines irrégularités et quelques incidents dans certains centres de vote.
On parle des élections pour les collectivités territoriales, face à des engagements pris par Haïti en Septembre 2015 devant les Nations Unies, pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD-H2030) à l’horizon 2030, avec notamment une implication beaucoup plus poussée des autorités locales dans la formulation et l’implémentation des politiques publiques.
En fait, ce qu’on avait constaté dans les pays à faible revenu comme Haïti, c’est que la lenteur enregistrée dans l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour de Développement (OMD- 2000-2015) était imputable à une concentration des programmes, projets et des politiques publiques au niveau du gouvernement central. Donc, pour atteindre les ODD (2015-2030), qui sont au nombre de 17, les Nations Unies se sont entendus sur une implication beaucoup plus directe et active des collectivités territoriales ou encore des gouvernements locaux pour obtenir de meilleurs résultats en matière de développement durable à l’horizon 2030.
D’où l’importance de la réalisation de ces élections hier dimanche qui vont compléter aux élections municipales, en vue de permettre aux collectivités territoriales d’avoir au complet des autorités élues capables de travailler en étroite collaboration avec le prochain gouvernement sur un agenda stratégique décrivant les choix de politiques à adopter pour atteindre les objectifs de développement durable.
Il est clair qu’au-delà de l’engagement d’Haïti d’atteindre les ODD-H2030, tout le monde est conscient que la vie économique et sociale est très précaire en milieu rural, avec moins de 30% de la population rural ayant accès aux services sociaux de base, ce qui suscite, depuis des années, un déplacement de certains habitants du monde rural vers les villes et qui fait qu’aujourd’hui, on a une Haïti beaucoup plus urbanisée; 47% des habitants vivant en milieu rural et 53% vivant en milieu urbain, selon les estimations 2015 de l’Institut Haïti de Statistique et d’Informatique (IHSI).
Maintenant que les autorités locales soient au grand complet, on espère que l’administration de Jovenel Moise investira dans le renforcement des capacités des collectivités territoriales et les aidera à développer davantage leurs principales sources de financement (taxes, dons, prêts et bons municipaux) pour casser cette dépendance financière de l’administration centrale et rentrer véritablement dans ce processus de développement local.
Riphard Serent, MPA
Economiste
Radio Vision 2000