Prévisions de -0.6% de croissance pour Haïti en 2017 : de grands défis pour l’administration de Jovenel Moise
L’administration du président élu, Jovenel Moise, et du prochain chef de gouvernement devra travailler d’arrache pied et trouver des formules stratégiques pour casser cette perspective de croissance des plus morose pour l’économie haïtienne en 2017 faite par la Banque mondiale la semaine dernière, dans son dernier rapport annuel sur les perspectives économiques globales.
En effet, jusqu’avant le dernier rapport de la Banque mondiale, les économistes nationaux s’appuyaient sur les prévisions de croissance de 1% de l’économie haïtienne pour 2017 faite en décembre dernier par la Commission Economique de l’ONU pour l’Amérique Latine et la Caraïbe (CEPAL).
La Banque du monde a maintenant révisé les prévisions de la CEPAL et a estimé que la croissance de l’économie haïtienne sera négative en 2017, soit -0.6%. Alors que nous autres et d’autres économistes de la place, dans nos analyses, nous tablions sur une croissance proche de 0% pour cette année, en se basant sur les pertes énormes causés par l’ouragan Matthieu (2.8 milliards de dollars) en début d’exercice, des pertes qui jusqu’à présent ne sont pas suivies d’une politique d’investissement véritable dans les zones affectées tant dans les infrastructures que dans l’agriculture ; le ralentissement des revenus de l’état (baisse des recettes de petrocaribe, baisse des recettes domestiques et diminution des dons) et également des incertitudes liées au contexte politique.
Il est clair que l’année 2017 s’annonce d’être pire que l’année 2016 sur le plan économique, si l’on veut croire les prévisions récentes de la CEPAL et de la Banque mondiale. Ce qui est inquiétant c’est que le prochain gouvernement et le président élu n’auront pas de grande marge de manœuvre pour sauver la croissance de cette année dans seulement deux trimestres. Cependant, ils pourront commencer par jeter les bases pour une meilleure année 2018, avec des signaux positifs au niveau des finances publiques, des signaux de réformes au niveau des institutions publiques, et des mesures de consensus visant à garantir une certaine stabilité dans le pays sur long terme. Ceci permettra, entre autres, de gagner la confiance de certains bailleurs internationaux et attirer des investissements dans les secteurs productifs pour la création nette d’emplois dans l’économie.
Riphard Serent, MPA
Economiste
Radio Vision 2000