Cris d’alarme pour une meilleure gestion de la situation post-Matthew pour éviter le pire
Plusieurs secteurs de la vie nationale, notamment des municipalités, continuent de lancer des cris d’alarme pour des centaines de milliers de personnes qui n’ont pratiquement rien à manger et qui n’ont pas accès à l’eau potable dans les zones les plus reculées des départements frappés par le passage du dernier ouragan, en particulier dans le Sud, la Grand’Anse, les Nippes, le haut Artibonite et le Nord-Ouest.
Cette situation tend à s’empirer davantage dans les mois à venir, si le gouvernement n’affiche pas un certain leadership et un niveau stratégique de management public pour définir rapidement un plan stratégique de réponse ou de relance en faveur des zones les plus affectées, avec d’abord une meilleure gestion de l’aide d’urgence qui doit bénéficier à un maximum de victimes possibles, et ensuite des politiques publiques stratégiques qui puissent permettre aux habitants victimes de se recapitaliser dans le très court terme pour ne pas sombrer dans la famine dans les mois à venir, car les ONG n’ont pas la capacité de nourrir quotidiennement pendant plus de 2 à 5 mois les 1.4 millions de personnes qui ont besoin d’assistance alimentaire.
Donc, la solidarité doit continuer à être nationale, avec des familles et des amis proches tant en Haïti qu’à l’étranger, mais il faut et surtout des actions publiques concrètes qui puissent permettre de relancer, dans le très court terme, les économies locales sévèrement touchées, notamment à travers l’agriculture, la pêche, l’élevage et le petit commerce pour éviter le pire d’ici Janvier 2017.
Rareté sévère des produits agricoles sur le marché local, augmentation des prix (variation mensuelle à la hausse de l’inflation), diminution des exportations de biens agricoles, augmentation des importations de biens dans l’économie, aggravation du déficit de la balance commercial et des pressions sur le taux de change, sont entre autres ce à quoi l’économie haïtienne pourrait faire face dans les mois à venir.
La gestion de la situation post-Matthew est jusqu’ici décevante et on n’a pas l’impression que cette situation va s’améliorer dans ce contexte de crise, où des secteurs cherchent maintenant à déstabiliser le pays le plus avec cette dernière résolution de la Cour de Cassation et la dernière évasion à la prison civile de l’Arcahaie.
Dieu seul sait de quoi l’avenir de notre économie sera fait dans les mois à venir. Cependant,il faut quand même une conscience citoyenne et un minimum de sensibilité pour ces millions de personnes en situation extrêmement difficile dans les départements ou les zones ravagées par l’ouragan. Un pays qui ne met pas l’humain au centre de toutes ses politiques est voué à patauger dans la pauvreté et dans l’assistanat.
Riphard Serent, MPA
Economiste