Haïti-Matthew : La Papda invite à lutter résolument contre le changement climatique et les causes systémiques du réchauffement climatique
Déclaration de la Papda, suite au passage de l’ouragan Matthew
Transmis à AlterPresse le 14 octobre 2016
La Plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda) est consternée et indignée, face aux conséquences dramatiques du passage de l’ouragan Mathieu, qui a laissé, derrière lui, un long cortège de deuils, de destructions et de décapitalisation
Nous tenons à présenter nos condoléances à toutes les victimes et toutes les communautés, frappées brutalement dans une conjoncture déjà difficile.
Nous tenons à saluer le courage et la détermination des communautés sinistrées qui, grâce a beaucoup de sacrifices et animées par un esprit de solidarité sans failles, ont pu sauver de nombreuses vies humaines et ont réussi à réduire le bilan de la catastrophe.
Nous saluons également l’excellent travail, accompli, tant au niveau central que local, par la Direction de la protection civile (Dpc), qui, grâce à des mesures préventives adéquates, est parvenue à sauver des dizaines de milliers de vies.
Nous encourageons l’État haïtien à renforcer le mécanisme, mis en place autour de la Dpc, en lui fournissant davantage de moyens institutionnels et financiers et en renforçant la dimension éducative de son travail, notamment en introduisant des cours de secourisme dans le cursus des écoles primaires et secondaires et en organisant, sur une base régulière, des exercices de simulation, susceptibles de mieux préparer les communautés haïtiennes à gérer des situations de cette nature.
Nous saluons également les efforts, mis en place par le gouvernement actuel, pour éviter la honteuse répétition du scénario de 2010, en essayant de récupérer des tâches essentielles, comme, par exemple, l’évaluation des dégâts et le choix des priorités dans le cadre des interventions humanitaires.
Néanmoins, la Papda tient à faire un ensemble de considérations, visant à produire des recommandations, susceptibles de modifier les règles du jeu, dans le but de renforcer les capacités structurelles des institutions haïtiennes et de répondre, adéquatement et efficacement, à ce type de catastrophes :
1.- En analysant la liste des catastrophes de grande dimension, qui ont frappé notre pays au cours des 3 derniers siècles, on constate une accélération évidente au cours des 20 dernières années. De nombreuses études signalent que l’augmentation de la fréquence de ce type de catastrophes et leur croissante intensité sont une conséquence directe des changements climatiques, causés par le mode de gestion planétaire, imposé par un système capitaliste de plus en plus avide de profits financiers et destructeur des piliers de la reproduction de la vie sur notre planète. Les peuples et, en particulier, les habitants des petits Etats insulaires, comme Haïti, qui sont les premières victimes de ces changements dramatiques, doivent comprendre la nécessité de modifier leur style de vie et de lutter contre le système capitaliste.
2.- On constate, au cours des dernières décennies, une tendance croissante à l’aggravation des niveaux de vulnérabilité de notre pays, classé comme « état fragile » par les Institutions financières internationales. Ce résultat est la conséquence directe des politiques économiques néolibérales, mises en place, progressivement dans notre pays, depuis novembre 1983, et qui ont contribué à détruire une grande partie des capacités productives nationales, aggravé la dépendance, affaibli l’État et ses capacités d’intervention, aggravé les niveaux d’insécurité alimentaire et de chômage, et déstructuré le tissu social, à travers l’intensification des flux migratoires, la paupérisation massive et des politiques sociales insuffisantes, gangrénées par la corruption organisée. La douloureuse crise actuelle, qui intervient en pleine conjoncture de campagne électorale, commande une rupture radicale, par rapport aux options néolibérales, et exige de nouveaux choix dans l’articulation des politiques publiques. La rupture radicale, avec les politiques néolibérales, constitue un tournant obligé vers la reconstruction nationale.
3.- L’action gouvernementale a souffert d’un fort déficit de coordination, pendant les premières 72 heures qui ont suivi le séisme. Le manque de moyens techniques et financiers a réduit l’efficacité des interventions, malgré le courage de groupes de jeunes volontaires, qui se sont investis dans le travail de prévention et de premiers secours, comme cela a été constaté dans la commune de Beaumont dans la Grande-Anse. Tous les observateurs ont dénoncé la précarité inacceptable des conditions dans les abris provisoires.
4.- La grossière instrumentalisation de la crise humanitaire, par certains candidats à la présidence, doit être dénoncée. Elle est la manifestation du mépris séculaire des appareils politiques traditionnels, qui ne voient les membres de la population que seulement quand ils doivent servir de marchepied pour accéder au pouvoir et à ses privilèges. Toute assistance, aux segments sinistrés de la population, doit se faire sans esprit de chapelle et en dehors de toute tentative de privatiser et de détourner les donations reçues, à des fins de manipulation politique.
5. La Papda salue, avec enthousiasme, les contributions solidaires de Cuba et de la République bolivarienne, qui sont rapidement parvenues aux victimes, en évitant toute militarisation de l’aide humanitaire [1].
6.- Toute aide n’est pas forcément bonne à recevoir. Souvent, il y a des agendas cachés sous le masque des opérations humanitaires. L’aide humanitaire est encadrée par des principes et des standards minimum, et des valeurs, définis, entre autres, par la charte humanitaire « Sphere » [2]
7.- Recommandations :
7.1 Le Peuple haïtien doit participer, de façon massive et résolue, à la lutte contre le changement climatique et, surtout, lutter contre les causes systémiques du réchauffement climatique.
7.2 Renforcement des politiques préventives. Dispositifs institutionnels et territoriaux de prévention, articulés à un nouveau processus d’appropriation du territoire et une concrétisation de la décentralisation.
7.3 Mettre en place des dispositifs permanents d’assurance de la production de l’économie familiale paysanne.
7.4 Encourager et développer la solidarité inter-haïtienne, intra-communautaire, intercommunautaire et inter-régionale, en incluant la disponibilité……lire la suite sur alterpresse.org