Echec de l’Assemblée nationale du 28 Juin, plus d’incertitudes avec des conséquences économiques

Les parlementaires à la séance en Assemblée nationale hier soir n’arrivent pas à s’entendre sur des préalables, voire se statuer sur le sort du président provisoire, dont le mandat est arrivé à terme depuis plus de 2 semaines.

Ce tableau sombre affiché par l’Assemblée nationale hier soir jusqu’à très tôt ce matin va indubitablement exacerber les incertitudes politiques et économiques et renforcer cette crise institutionnelle pour des impacts endommageables sur le reste de l’économie haïtienne qui se trouve déjà dans une situation très précaire depuis Février 2016.

En fait, demain Jeudi 30 Juin 2016 marquera la fin du 3eme trimestre de l’exercice fiscal, une date à laquelle l’exécutif devrait en principe déposer au parlement le projet de loi de finances     (budget) de l’exercice 2016-2017. Il faut rappeler que le mois dernier, les Ministres de l’Économie et des Finances et de la Planification avait lancé le processus d’élaboration de ce projet de loi de finances qui est censé élaboré dans le contexte du Plan Stratégique de Développement d’Haïti (PSDH), en prenant également en compte le nouveau Programme Triennal d’Investissement (PTI) 2017-2019 présenté la semaine dernière par le Ministre de la Planification.

 Si le parlement ne s’est même pas statué sur le budget rectificatif de 113 milliards de gourdes du gouvernement provisoire, comment pourra t-il maintenant se préoccuper du budget de la nouvelle année fiscale 2016-2017 dans ce contexte politique très précaire qui laisse présager un dysfonctionnement au niveau de l’administration publique, une diminution des rentrées de capitaux dans le pays et un net ralentissement des activités économiques pour cette année.

Il faut dire qu’ en 2015, le niveau des incertitudes politiques et économiques, marqué par le dysfonctionnement du parlement et les élections, avait accouché une croissance de 1.7% de l’économie. En 2016, avec une conjoncture politique plus précaire et fragile, on doit continuer à s’attendre donc à une détérioration des indicateurs économiques, notamment le taux de change et l’inflation qui sont déjà à des niveaux insupportables dans l’économie et qui continuent de dégrader le pourvoir d’achats des ménages en Haïti.

Donc, la croissance de l’économie en 2016 devrait être, selon toute prévision, inférieure à celle de 2015, ce qui traduirait un ralentissement des activités économiques, notamment dans des secteurs comme l’agriculture, l’industrie et le commerce, avec pour conséquences une augmentation du taux de chômage et une détérioration des conditions de vie de la population.

Tous les yeux sont censés fixés sur ce parlement divisé. La crise politique et institutionnelle semble être  interminable. L’administration publique fonctionne très mal. Les risques d’investissement augmentent. Des investisseurs fuient le secteur des affaires haïtiennes. Le budget 2016-2017 est dans l’impasse. Donc, la question de croissance ou de développement économique cette année n’est pas dans notre vocabulaire de gouvernance.

Riphard Serent, MPA (Policy)

Economiste

riphardserent@gmail.com

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