Haïti – Politique: Addresse à la Nation de Mme Mirlande Manigat

Source radiotelevisioncaraibes.com

Mirlande MANIGAT

Secrétaire Générale du RDNP`

ADRESSE A LA NATION

Mes chers compatriotes,

A l’aube de cette nouvelle année, j’aurais aimé m’adresser à vous en exprimant des vœux traditionnels généralement figés dans la trilogie sereine et rassurante: Santé, Paix, Prospérité.

L’état lamentable de notre pays n’incite cependant pas à se réfugier derrière ces mots simples chargés de sincérité. Il s’agit plutôt de se pencher sur les causes de ce délabrement que quiconque peut observer et commenter, et chercher les solutions adéquates pour réduire cette désespérance qui nous accable. Haiti n’est plus la perle des Antilles tant vantée par nos poètes et nos écrivains, célébrée par les touristes qui nous visitent. Dans son état actuel, elle ressemble plutôt à une terre triste et abandonnée, exposée à la compassion des uns et aux moqueries des autres.

En ce début d’année, nous devrions nous préparer à des changements dans le personnel politique et l’administration. Le chronogramme prévu par la Constitution inclut, en effet, des élections régulières qui auraient du se tenir depuis trois ou quatre ans pour les Casecs, les Asecs, les Conseils municipaux, depuis deux ans pour les deux-tiers du Sénat, et un an pour la Chambre des Députés. Or, les négligences, voire l’indifférence coupable de ceux qui, pour notre malheur, nous gouvernent encore, et la complicité de la communauté internationale, placent le pays dans une situation de dangereuse désolation institutionnelle dans laquelle, les dates et les échéances n’ont plus leur sens. En 2015, enfin, des élections devaient être organisées. Elles ont été annoncées à grand renfort de publicité, et normalement, nous aurions du avoir l’installation des membres des Collectivités territoriales, l’inauguration de la 50ème Législature le 11 janvier et le remplacement du chef de l’Exécutif le 7 février, selon les prescrits de la Constitution. Malheureusement, entre le 9 août et le 25 octobre, nous avons assisté à des mascarades d’élections, truffées de fraudes et de manipulations, au point que seuls les tenants du pouvoir et certains membres de la communauté internationale qui n’auraient pas accepté, chez eux, le centième des turpitudes enregistrées ici et sur lesquelles ils jettent un voile pudique, à peine gêné, continuent à nier l’évidence d’un vaste brigandage à étapes variées et voudraient nous faire avaler ces résultats calamiteux. La nation se trouve maintenant placée au bord d’un abime et la lucidité et le patriotisme commandent aux citoyens d’élever la voix en un tonitruant NON POSUMUS. Nous ne pouvons pas accepter cet avatar d’exercice démocratique.

C’est la raison pour laquelle, il y a huit mois, dans une Adresse à la nation, j’avais alerté l’opinion sur l’incapacité de ce Conseil Electoral, le 16ème provisoire depuis 1987, de conduire des élections techniquement fiables et politiquement acceptables. Je ne me prenais pas pour une prophétesse ni pour une Cassandre des temps modernes annonciatrice de catastrophes. Je souhaitais tout simplement partager avec la nation les résultats d’une analyse lucide de la situation, tout en mettant en garde contre les illusions partagées par divers secteurs désireux de s’engager coûte que coûte dans la compétition électorale attendue depuis quatre ans, et par la communauté internationale pressée d’en finir avec le « cas Haiti » pour sauvegarder son image et s’accorder sur notre dos un succès facile .

Je proposais la mise en œuvre d’un Gouvernement de transition dont la tâche essentielle serait de remettre le pays sur les rails de l’état de droit, de la compétence et de l’honnêteté, et d’ouvrir la voie vers un renouveau apuré des miasmes actuels de gabegie, de corruption. J’avais insisté sur la nécessité pour ceux qui participeraient à cette œuvre de rédemption de prendre l’engagement de ne pas se porter eux-mêmes candidats aux élections qui devront être organisées sur des bases sérieuses garantissant des résultats acceptables pour être acceptés. Élémentaire question de morale politique.

Dans une deuxième adresse, un mois plus tard, j’avais annoncé le retrait de ma candidature à la Présidence, mais j’avais aussi souligné que je ne renonçais pas pour autant à mes activités politiques car je me tenais en réserve de la République. Cette affirmation avait suscité pas mal de commentaires et on m’avait attribué des intentions, des contacts, des négociations et des engagements qui m’avaient stupéfiée et, dans une certaine mesure, inquiétée, car ils ne correspondaient pas à mes desseins. Je me suis appliquée à apaiser les inquiétudes des uns et les espérances des autres, et surtout à garder une indispensable sérénité au milieu de ce tam-tam ue ce membre de phrase avait involontairement soulevé.

Au moment de la grave crise avec la République Dominicaine lors de l’expulsion de nos compatriotes, j’avais sollicité des candidats à la Présidence qu’ils fassent une trêve lire la suite sur radiotelevisioncaraibes.com

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *