Haïti – Justice: Édrick Léandre est condamné
Source radiotelevisioncaraibes.com
Sur le banc de l’infamie, l’ancien directeur général de l’OAVCT, M. Édrick Léandre, y était pour une dernière fois, le jeudi 10 décembre 2015. Il a été jugé et condamné.
Le tribunal criminel siégeant sans assistance de jury a définitivement tranché sur le cas d’Érick Léandre, arrêté le 31 mai 2011, incarcéré et renvoyé au tribunal sous l’accusation de détournement de fonds, de corruption, de blanchiment des avoirs et d’association de malfaiteurs. Le tribunal, après avoir examiné le dossier, a rejeté les accusations de blanchiment des avoirs et d’association de malfaiteurs mis à sa charge, parce que non fondées. Mais les accusations de détournement de fonds et de corruption ont été retenues.
Il a été reconnu coupable de ces faits. Le tribunal l’a condamné, conformément aux prescrits des articles 130, 132, 137, 382, 2e paragraphe du Code pénal, à 4 ans et 8 mois de prison, à la restitution à l’État haïtien de la somme de 17 425 197. 20 gourdes et à 1 000 000 gourdes d’amende à l’État haïtien et à trois ans de privation de ses droits civils, politiques et de famille.
Le tribunal applique en sa faveur la loi sur la détention préventive prolongée dite loi Lespinasse. Ayant déjà passé 4 ans et 6 mois au pénitencier national, M. Édrick Léandre sera mis en liberté le 31 janvier 2016. L’ancien directeur aura joué toutes ses cartes pour recouvrer sa liberté le jeudi 10 décembre 2015, lors de son interrogatoire qui a duré plus de cinq heures, mais sans succès. Le tribunal l’avait trouvé parfois trop abondant. Il a répondu à toutes les questions sans hésitation. Mais tout ce qu’on faisait au tribunal était pour du beurre. Car il était déjà condamné par l’arrêt de débet rendu par les juges de la Cour supérieure des comptes et du Contentieux administratif (CSC/CA). Et le juge Berge O. Surpris l’avait dit en pleine audience.
À en croire les avocats de Léandre, celui-ci est victime d’un complot des hauts cadres de l’État. Ils disent ne pas comprendre comment leur client, invité à l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC) sous la dénonciation des employés syndiqués de l’OAVCT, n’a pas été touché du rapport rédigé avec les informations qu’il a fournies aux employés de l’ULCC. Au lieu de le tenir informé, cette instance a préféré acheminer ce rapport à la Cour supérieure des Comptes et du Contentieux administratif, ont-ils expliqué.
Ce qu’ils appellent complot, c’est le fait qu’on n’avait pas communiqué le rapport à l’ancien directeur général de l’OAVCT et qu’on a procédé à son arrestation avant de rendre l’arrêt de débet ayant conduit aujourd’hui à sa condamnation à 4 ans et 8 mois d’emprisonnement. M. Léandre l’a bien dit au tribunal que l’arrêt de débet a été rendu 3 mois après son arrestation. «Ce n’est pas une affaire de détournement ni de corruption qui est la cause de mon incarcération depuis 4 ans et 6 mois au pénitencier, mais bien un complot ourdi contre moi», dit-il.
Interrogé sur les dépenses effectuées à l’OAVCT, M. Léandre a déclaré qu’il n’a jamais fait des décaissements sans l’autorisation de la Cour supérieure des Comptes. Qui plus est, ajoute-t-il, il y a toujours un comptable délégué par la Cour à l’OAVCT. On l’accuse de se servir de la Sogecarte pour régler ses affaires personnelles, l’ancien haut cadre des Forces Armées d’Haïti a prouvé qu’il n’avait rien fait de sorcier. Il a agi en fonction des privilèges attachés au poste qu’il occupait, a laissé entendre l’accusé.
Celui-ci a prouvé au tribunal que toutes les dépenses qu’on croyait occultes ont été justifiées par des fiches et bordereaux émis par les maisons de commerce ou entreprises commerciales. On a fini par constater que, s’il n’y avait pas l’arrêt de débet sur lequel le juge ne peut pas trancher, l’ancien haut fonctionnaire de l’État serait mis en liberté.
En dépit de tout, les représentants du parquet (ministère public), Claude Michel et Claude Jean, ont requis le tribunal de déclarer constantes ces infractions, de reconnaître sa culpabilité et de le condamner, conformément à l’article 297 du Code d’instruction criminelle, 2e alinéa, à la peine emportée par l’article 130 pour être la plus forte des infractions commises à 10 ans de travaux forcés puisque la valeur détournée est supérieure à 25 000 gourdes, à une amende de 2 000 000 de gourdes, conformément à l’article 133 du code pénal et à la suspension et à l’interdiction des droits civils, politiques et de famille, conformément aux articles 130, 132 et 137 du Code pénal.
De son côté, Me Maurice Alexandre, représentant de l’État, a fait remarquer au tribunal que l’État haïtien qu’il représente a déjà acquis une décision qui condamne l’accusé à rembourser la somme de 17 425 187,20 de gourdes. Il demande en conséquence au tribunal d’ordonner à M. Édrick Léandre de payer intégralement ladite somme avant sa sortie de prison.
Les avocats de la défense (Ernst Prévost, Reynold Georges et Eddy Léandre) ont bien défendu lire la suite sur radiotelevisioncaraibes.com