L’adoption à l’étranger en hausse en raison d’Haïti, mais toujours compliquée

Le nombre d’adoptions réalisées à l’étranger a bondi en 2010, principalement en raison de l’arrivée d’environ un millier de petits Haïtiens depuis le séisme d’il y a tout juste un an, mais familles et associations déplorent que cette procédure soit de plus en plus compliquée.

3.504 enfants ont été adoptés en 2010 par des familles françaises, contre un peu plus de 3.000 en 2009, soit une hausse de 14%, selon les chiffres du ministère des Affaires étrangères, dévoilés mercredi par Le Figaro.

Parmi eux, 992 enfants venaient d’Haïti, grâce aux procédures qui ont été accélérées après le séisme du 12 janvier 2010. Un tiers d’entre eux étaient même arrivés peu avant Noël dans des avions affrétés par la France.

Même sans les petits Haïtiens, la hausse aurait tout de même été de 7%, alors que la tendance était plutôt à la baisse depuis 2006. De près de 4.000 enfants cette année-là, la France est passée à environ 3.000 adoptions internationales par an.

Mais comme Haïti, jusqu’ici premier pays d’origine des enfants adoptés en France, a suspendu toute nouvelle procédure depuis le séisme, on peut supposer qu’en 2011 le nombre d’adoptions internationales baissera.

Depuis l’entrée en vigueur de la convention de La Haye en 1995, qui encadre l’adoption internationale, les pays la ratifient progressivement, ce qui a tendance à freiner les adoptions.

La convention interdit les adoptions directes (les parents adoptants contactent directement les parents d’un enfant à l’étranger) pour éviter les trafics et autres dérives.

Elle n’interdit pas en revanche les adoptions individuelles: les parents candidats peuvent contacter directement les autorités locales, sans l’aide d’un organisme dans leur pays d’origine.

« Mais de fait, l’adoption individuelle est de plus en plus compliquée », explique Céline Boyard, en charge de l’adoption internationale à Enfance et Familles d’adoption, l’une des plus grosses associations en France.

Plusieurs pays l’ont en effet en ligne de mire et tentent de les limiter, voire de les supprimer. La Russie est notamment en train de conclure une convention prévoyant la fin des adoptions individuelles alors qu’en 2009, près de huit adoptions d’enfants russes sur dix par des Français se sont effectuées par voie individuelle, selon Adoption-Russie.

Pour autant, « une interdiction générale de l’adoption individuelle est prématurée », ne serait-ce que parce que les organismes autorisés pour l’adoption (OAA) seraient submergés de demandes, affirme la députée UMP Michèle Tabarot, présidente du Conseil supérieur de l’adoption dans un entretien au Figaro.

Mais les parents restent inquiets, souligne Céline Boyard. Les adoptions sont suspendues dans certains pays (Guatemala, Laos…) tandis que d’autres pays voient leurs demandes exploser et donc les délais d’adoption, déjà très très longs, se rallonger encore davantage, comme au Kazakhstan ou au Mali, explique-t-elle.

Autre exemple, la Roumanie ne permet pas les adoptions par des étrangers.

Avec la fermeture d’Haïti, « les parents vont se reporter encore plus vers d’autres pays », poursuit Céline Boyard, y compris des pays qui n’autorisent par l’adoption individuelle. Haïti autorisait non seulement l’adoption individuelle mais aussi l’adoption par des célibataires : ces derniers auront encore plus de mal à adopter, note-t-elle aussi.

Pour Enfance et Familles d’adoption, l’adoption via des OAA n’est pas non la panacée car certaines peuvent être incompétentes et inefficaces. L’Etat devrait « contrôler régulièrement les OAA, sur leur action et sur leur coût », affirme Céline Boyard.

De Julie CHARPENTRAT (AFP)

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