1915/100 ans : Marche de protestation dans la capitale, pour remémorer le centenaire de la première occupation américaine d’Haïti
Par Jean Elie Paul
P-au-P, 28 juillet 2015 [AlterPresse] — A l’initiative du Mouvement patriotique démocratique et populaire (Mpdp), plus d’une centaine de personnes ont marché, ce mardi 28 juillet, dans les rues de l’aire métropolitaine de la capitale Port-au-Prince, à l’occasion du centenaire de la première occupation américaine d’Haïti (28 juillet 1915-28 juillet 2015), a observé l’agence en ligne AlterPresse.
Durant environ 2 heures d’horloge, vêtus de sacs en toile de jute, certains à visages grimés en noirs, les manifestantes et manifestants ont parcouru plusieurs rues de la capitale.
Ils ont, surtout, exprimé leur hostilité par rapport à la présence, depuis juin 2004, des forces onusiennes dans le pays.
Au Champ de Mars, principale place publique de la capitale, les manifestants ont contraint un véhicule civile de la Mission des Nations unies de stabilisation en Haïti (Minustah), à rebrousser chemin, brisant, au passage, son pare-brise avec une pierre.
Une situation, qui a failli dégénérer, tant les manifestants couraient, menaçants, en direction de ce véhicule de la force onusienne.
« Aba okipasyon ! Aba Minista », ont-ils scandé, en dénonçant le pouvoir en place.
Ils ont tiré à boulets rouges sur la Minustah, qu’ils accusent, de nouveau, d’avoir introduit, en octobre 2010 (par des troupes du Népal, déployées à Mirebalais, Plateau central) l’épidémie du choléra en Haïti. Des organisations haïtiano-américaines ont exhorté l’Organisation des Nations unies (Onu) à assumer plus de responsabilité
envers les milliers de victimes du choléra. [1]
Partie de la Faculté d’ethnologie (Fe, non loin des ruines du palais présidentiel), de l’Université d’Etat d’Haïti (Ueh), la foule a tenté de faire revivre différents périodes de l’occupation d’Haïti, à partir de scènes ambulantes de théâtre populaire, animé par l’organisation estudiantine dénommée Cercle d’études en littérature gramscienne (Cercle Gramsci).
Des prestations ont, ainsi, été données à des points précis, notamment au Champ de Mars, jusque vers la Faculté des sciences humaines (Fasch) de l’Ueh, où a abouti la marche de circonstance.
Dans un récital de textes poétiques engagés, de chansons populaires, de chante pwent (chants allusifs), les animatrices et animateurs du théâtre populaire de rues ont fustigé l’attitude de l’administration politique en place face au processus d’occupation d’Haïti.
Des membres du Mouvement de liberté, d’égalité des Haïtiens pour la fraternité (Moleghaf) ont été remarqués dans la marche symbolique du 28 juillet 2015, dans les rues de Port-au-Prince.
« L’impérialisme américain a détruit l’économie du pays, …tous ceux qui ont cru dans la lutte, comme Charlemagne Péralte, Rosalvo Bobo, Pierre Sully. Les occupants sont entrés en Haïti, dans l’unique objectif de prendre toutes les ressources, toutes les richesses nationales. Ils ont battu et tué des gens », étale Oxygène David, l’un des membres influents de Moleghaf.
Aux yeux du Moleghaf, l’impérialisme américain chercherait à « déclarer la guerre à la classe ouvrière, aux paysans, aux masses populaires », pendant que la « Minustah apporte des malheurs pour le peuple haïtien, comme les viols, les vols, les kidnappings »…
Pour sa part, interrogé par AlterPresse sur la signification du centième anniversaire de la première occupation américaine d’Haïti, le professeur Camille Chalmers préconise la réflexion.
« 100 ans après, Haïti est toujours occupée militairement… par la Minustah. La Minustah est entrée en droite continuité avec l’occupation de 1915, avec des différences », argue le professeur Camille Chalmers.
Les Haïtiens manifestent leur rejet de toutes formes de domination. Mais, il est très important de déterminer le chemin qui pourrait conduire vers la prospérité, vers une solution à la crise nationale.
« Une solution, qui doit nécessairement passer par la récupération de la souveraineté d’Haïti. Sans cette démarche vers la reconquête de la souveraineté d’Haïti, nous ne pourrions pas construire une nation libre, indépendante et autonome, au service, véritablement, de l’intérêt de ses enfants », insiste-t-il,
Depuis plus de 500 ans, il y a un système qui maintient le statu quo, qui lire la suite sur alterpresse.org