Haïti-Libération des présumés kidnappeurs Ethéart et Nelfort : le Cspj enquête

P-au-P, [AlterPresse] — Les membres du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (Cspj) décident d’enquêter sur la décision du juge Lamarre Bélizaire, ayant ordonné, le vendredi 17 avril 2015, la libération des présumés kidnappeurs, Woodly Éthéart (alias Sonson Lafamilia, réputé proche du président Joseph Michel Martelly) et Renel Nelfort (dit Le récif), selon les informations obtenues par l’agence en ligne AlterPresse.

La plus haute institution de justice dit prendre « un recul » pour mieux « comprendre ce qui s’est passé », dixit à AlterPresse Max Élibert, le représentant des cours d’appel au sein du Cspj.

« Pour le moment, nous conduisons notre propre enquête pour comprendre ce qui s’est passé », poursuit le conseiller au sein du Cspj.

Les résultats de cette enquête ne pourront que permettre de voir si les juges, impliqués dans ce dossier, ont suivi les règlements et la loi, explique Max Élibert.

Le Cspj ne représente qu’ « une juridiction administrative et disciplinaire », pour les juges, tient à préciser Elibert.

Cela impliquerait que l’institution ne peut, en aucun cas, demander à un juge de faire retrait d’une décision ni conduire d’autres démarches, en ce sens.

juge Lamarre BellizaireQuant au fait que le juge Lamarre Bélizaire est décrié par les organismes de défense des droits humains, comme un juge dont la nomination n’a pas suivi les procédures, le Conseiller Élibert souligne que le Cspj n’intervient pas dans les décisions ou actions posées, avant l’entrée en fonction de ses membres.

Woodly Ethéart et Renel Nelfort, libérés le 17 avril 2015 sont accusés de kidnapping et séquestration, de blanchiment d’avoir, de trafic illicite de drogue et d’association de malfaiteurs, entres autres.

Ils sont considérés comme les chefs du redoutable « gang Galil ».

Dans cette affaire, sur 15 individus inculpés, seulement 9 ont été arrêtés par la Police nationale d’Haïti (Pnh).

Déni de justice, aux yeux de la communanuté internationale très préoccupée

Les Nations Unies et les pays bailleurs d’Haiti font part de leur « profonde inquiétude », par communiqué de presse émis le 21 avril 2015.

« En vue de rétablir la confiance du public dans le système judiciaire, le « Core Group » exhorte le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire à exercer les pouvoirs, qui lui sont conférés par la Constitution, et rapidement enquêter sur le rôle joué par les juges du tribunal de première instance dans cette affaire et prendre les mesures appropriées, si nécessaire ».

Le « Core Group » prend note des promptes actions du Ministre de la justice et de la sécurité publique, tenant les procureurs pour responsable et faisant un recours juridique (le 20 avril 2015) devant la Cour de Cassation afin d’annuler la décision du tribunal de première instance de se saisir du dossier.

La Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies et d’autres membres de la communauté internationale en Haïti, représentés dans le « Core Group » (les ambassadeurs du Brésil, du Canada, de France, d’Espagne, des États-Unis d’Amérique, de l’Union Européenne et le Représentant spécial de l’Organisation des États Américains), notent, avec une profonde inquiétude, la procédure judiciaire qui a abouti à l’acquittement et à la mise en liberté, le 17 Avril 2015, des accusés Woodly Ethéart et Renel Nelfort, objet de lourdes charges, y inclus enlèvement contre rançon, assassinat, trafic illicite de stupéfiants, blanchiment d’argent et crime organisé.

« Cette affaire, incriminant plusieurs personnes accusées de graves et infâmes charges, était en appel et n’aurait dû faire l’objet d’un procès qu’après décision en appel. C’est une erreur grave et une violation de la procédure en vigueur, qui sème le doute quant à l’impartialité de ce processus », comprend le « Core Group », « se fondant sur un avis juridique haïtien éclairé ».

D’un autre côté, le Département d’État américain se dit « préoccupé par la décision » du juge, d’après les propos à AlterPresse du porte-parole du bureau des affaires publiques de l’Ambassade des États-Unis d’Amérique à Port-au-Prince, Karl M. Adam.

Les États-Unis d’Amérique sont surtout interpellés par lire la suite sur alterpresse.org

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