Haïti – Séisme: La terre danse sous nos pieds, nos incapacités valsent

Source Roberson Alphonse / Le Nouvelliste | radiotelecisioncaraibes.com

La terre a tremblé trois fois en deux jours, suscité des préoccupations de Port-au-Prince jusqu’à Jérémie et souligné l’impossibilité d’envoyer valser les faiblesses en matière de prise en charge après un séisme majeur, cinq ans après Goudougoudou. L’unité technique de sismologie du Bureau des mines et de l’énergie a indiqué, dans un bulletin, que ce jeudi 16 avril, à 04h04’07’’a. m. (heure locale), un séisme de magnitude 3.73 sur l’échelle de Richter a été enregistré. L’épicentre a été localisé en mer, à 81 km au nord-ouest de Pointe-à-Raquettes, La Gonâve, à 9 km de profondeur.

La veille, mercredi, « un séisme léger de magnitude 3.43 sur l’échelle de Richter a été enregistré » à 01h03’32’’a. m. L’épicentre du séisme a été localisé à 13.6 km au sud-est de la ville de Léogâne, à 10 km de profondeur. Il a été ressenti à Carrefour et à Gressier, a indiqué le bulletin de l’Unité technique de sismologie (UTE/BME). Le même jour, à 09h56’52’’p.m., « un séisme modéré de magnitude 4.33 sur l’échelle de Richter a été enregistré ». L’épicentre du séisme a été localisé en mer à 23 km au nord-est de la ville de Jérémie, à 14 km de profondeur. Il a été ressenti à Jérémie et à Barradères, dans les Nippes.

Ces données montrent qu’il y a « une microsismicité très active en Haïti. C’est une bonne chose. L’énergie se libère progressivement», a confié au journal l’ingénieur Claude Prépetit, coordonnateur de l’ UTS/BME et coordonnateur Microzonage sismique BME/LNBTP. Cependant, a ajouté Claude Prépetit, « cela n’empêche pas d’avoir un séisme de forte magnitude à n’importe quel moment ». La répartition spatiale des trois derniers séismes est aléatoire. Ils sont localisés le long des failles connues et ailleurs, a expliqué l’ingénieur Claude Prépetit. La vigilance est de rigueur et les constructions parasismiques sont une nécessité, a-t-il dit, revenant sur l’utilité de ce réseau national de sismographes qui permet  de recenser de petits séismes que le réseau mondial de l’USGS n’enregistre pas en Haïti.

A Jérémie, beaucoup de personnes sont restées dehors, dans les rues du centre-ville plusieurs heures avant de regagner leurs maisons. Il y avait un vent de panique, a confié un habitant de la ville. Le séisme a été ressenti dans presque toutes les communes. On n’a pas enregistré de dégâts, a indiqué Silvéra Guillaume, coordonnateur de la Protection civile dans le département.  C’est un signe avant-coureur, a-t-il dit. Il a évoqué la tenue d’une réunion avec d’autres partenaires pour réfléchir sur la réponse en cas de séisme provoquant des morts et des blessés. En termes d’infrastructure sanitaire, Silvéra Guillaume soutient que l’hôpital St-Antoine de Jérémie « mérite d’être assisté ».

L’hôpital compte 130 lits et les quatre services de base : médecine interne, chirurgie, maternité, pédiatrie, a confié Conceptia Pamphile, assistante de la directrice médicale. « S’il se produit une catastrophe, l’hôpital devra la gérer difficilement. Pourvu que le nombre des victimes ne dépasse pas une centaine », a-t-elle dit, ajoutant en revanche qu’il n’y a aucun matériel ni médicament préposé à cet effet. L’hôpital, a souligné Conceptia Pamphile, n’a pas de service des urgences. Pas un seul orthopédiste. Actuellement, c’est aux Cayes ou à Port-au-Prince que l’on réfère les nombreuses personnes fracturées, des accidentés des motocyclettes. Des discussions sont en cours pour qu’il y ait un service des urgences à l’hôpital, a révélé Conceptia Pamphile.

Sur la Toile, des facebookers ont confié avoir ressenti l’effet du séisme de mercredi soir. « Goudougoudou ne nous a pas oubliés », a confié Christelles Gérard, 26 ans. Les pires flash-back, accompagnés d’insomnie, reviennent pour cette femme qui avait perdu son amant et un cousin le 12 janvier 2010.

La coordination stratégique de la réponse en cas de séisme a été établie. Les ministres, directeurs généraux savent, s’ils survivent au séisme, quoi faire, avait expliqué en off un cadre de la Direction de la protection civile en janvier dernier. Il y a un Centre d’opérations d’urgence (COU) national à Delmas 2, dans l’Ouest et 9 COU départementaux, 140 comités communaux de protection civile et 194 comités locaux de la Protection civile, avait-il révélé. Parallèlement aux stocks d’urgence positionnés dans tous les départements, plus de 3 000 volontaires ont été formés en secourisme, sauvetage et déblaiement. Ces volontaires sont aujourd’hui présents dans l’ensemble des communes du pays. A côté de ces 3 000 brigadiers spécialisés en premier secours sur l’ensemble du territoire, 400 sapeurs-pompiers volontaires ont été formés, avait-il indiqué.

Avec nuance, une autre source auprès de la DPC avait avoué que « la réalité des plans et celle de la catastrophe à gérer ne sont jamais les mêmes ». Rien n’indique que ces ressources humaines seront disponibles. Il ne faut pas perdre de vue non plus les capacités limitées des autorités qui devront inévitablement lancer des appels à l’aide lors du prochain séisme. Plus de 220 000 morts et 300 000 blessés, et près de 3 700 000 personnes affectées par le séisme du 12 janvier 2010. Le nombre de morts causés par ce séisme est 10 fois plus élevé que la somme de toutes les victimes causées par toutes les catastrophes depuis 1963, avait-il dit.

Les TPTC, le MSPP, le MICT, la PNH… et d’autres entités de l’Etat, en partenariat avec la Croix-Rouge, les antennes de Médecins sans frontières, seront sur pied de guerre pour sauver des vies et assister la population. La disponibilité de lits d’hôpitaux, de blocs opératoires sera connue après l’évaluation des dégâts provoqués par le séisme, avait-il ajouté. Personne, pour le moment, ne peut garantir le niveau d’efficacité opérationnelle des policiers (plus de 10 000 sur le territoire) dans des interventions à grande échelle pour sauver des vies. « Je sais que chaque policier a des notions en secourisme. Mais je reste perplexe quant à la mobilisation massive, aux côtés des structures sanitaires, pour sauver des vies. Si cela arrive, on verra », avait expliqué un commissaire de police assez perplexe à l’époque.

Selon des informations obtenues de la police administrative, le corps des pompiers compte seulement 142 sapeurs-pompiers au niveau de la zone métropolitaine. 99 sont à Port-au-Prince et le reste lire la suite sur radiotelecisioncaraibes.com

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