Haïti – Économie: Budget rectificatif, objectifs économique et hausse de la pression fiscale
Depuis la semaine dernière, plus précisément jeudi, Le Ministre de la Communication Rotchild François Junior, le Ministre de l’économie et des finances, Wilson Laleau, accompagné d’autres hauts cadres du Ministère de l’économie et des finances, ont présenté les grandes orientations du budget rectificatif 2014-2015. On voulait y revenir un peu.
Le budget global de la République est passé de 122.6 milliards de gourdes à 109.4 milliards, a déclaré Wilson Laleau.
Selon le ministre de l’Economie et des finances, cette baisse est due à la chute des prix du pétrole et les fortes subventions allouées à l’Electricité d’Haïti. Wilson Laleau estime que l’EDH est, dans le pays, la principale source de déficit budgétaire. Un déficit budgétaire qui a atteint environ 15 milliards de gourdes.
Le gouvernement, qui misait sur un taux de croissance de 4.6% pour l’exercice fiscal en cours, a dû revoir ses prétentions à la baisse, soit à 2.5%, selon le grand argentier de la République.
Selon le Ministre de la Communication Rotchild François Junior « ce projet de budget révisé prend en considération tous les aspects de la situation économique du pays ». Donc, en d’autres termes c’est un budget qui s’adapte aux nouvelles réalités.
Suivant le budget révisé le gouvernement a décidé de modifier la répartition des crédits budgétaires initiaux de certaines entités administratives de façon à faciliter la mise en œuvre des mesures liées à la situation socioéconomique actuelle du pays.
Parmi les grandes orientations du budget il y a lieu de citer la promotion de la croissance et de l’emploi par l’adoption d’un document intitulé (pacte pour la croissance et l’emploi). Ce pacte prévoit des actions concertées au service d’une politique économique rationnelle, efficace, partagée.
Dans le même registre, le budget rectificatif prévoit un renforcement des travaux de programmes à haute intensité de main d’œuvre et à impacts durables, le respect des engagements de l’Etat auprès des partenaires bilatéraux et multilatéraux, la création d’emplois d’été pour des jeunes universitaires (10 millions de gourdes), la modification des tarifs de certains produits pour encourager prioritairement la production nationale.
Mais paradoxalement, quand nous regardons les chiffres, le budget d’investissement qui était dans l’ordre de 67 milliards de gourdes est passé à un peu moins que 45 milliards soit une baisse de 20%. Donc comment on peut prévoir de renforcer des travaux de programmes à haute intensité de main d’œuvre et à impacts durables et la promotion de la croissance avec un budget d’investissement aussi réduit. C’est tenter de faire plus avec moins de ressources.
Qu’en est il du déficit budgétaire de 15 milliards, comment le gouvernement va tenter d’éviter un budget encore plus grand pour la fin de la période. D’abord, du coté des dépenses, le gouvernement a consenti une réduction de 300 millions de gourdes sur ses dépenses de fonctionnement, mais parallèlement, selon ce budget rectificatif, les contribuables devront un peu plus, donc Il y aura une nouvelle hausse de la pression fiscale qui passera de 13% à 14.1 %.
Donc, en clair, ce que les citoyens ne voulaient pas payer sur la facture de carburant, il devra le payer au niveau de la DGI. C’est dommage, les taxes sont moins visibles et font moins de bruit, mais appauvrit tranquillement des ménages, qui pour la plupart font face déjà à des situations extrêmement difficile dans un contexte de chômage généralisé et d’insécurité alimentaire chronique.
Etzer S. Emile, M.B.A
Economiste
Radio Vision 2000