Haïti – Économie: L’accord de Petrocaribe laisse les nations de la Caraïbes dans le pétrin

Pour de nombreux pays, un pétrole moins cher aide a booster la croissance économique. Mais si vous êtes une nation des Caraïbes en difficulté, dépendante des subventions de l’énergie en provenance du Venezuela, la chute des prix du pétrole n’est pas une bonne nouvelle. Voilà comment CNBC cette chaine américaine a introduit un article hier soir qui essaie de faire le pour et le contre du programme de Petrocaribe dans ce contexte de chute du prix de pétrole sur le marché international.

En effet, l’économie du Venezuela fortement dépendante du pétrole est en chute libre depuis quelques mois avec l’effondrement des prix du brut, qui a réduit énormément les recettes de ce pays et lui met en difficulté pour payer les subventions de consommation de l’énergie domestiques et les biens importés. Avec peu de réserves en devises, l’économie se contracte, l’inflation a grimpé en flèche et laisse les ménages dans le rationnement de nourriture.

Pour avoir son budget équilibre, le prix du baril de pétrole devrait être supérieur à 140 dollars, alors qu’aujourd’hui on parle des 40 et 50 dollars le baril, ce qui met dans la plus grande incertitude les différents programmes de subventions d’éducation, la nourriture et le logement au Venezuela.

Toujours selon cet article du CNBC intitulé « L’accord de Petrocaribe laisse les nations de la Caraïbes dans le pétrin », le Venezuela a lancé le Petrocaribe en 2005, voulant devenir un fournisseur d’énergie à faible coût et gagner la faveur politique au niveau des petites économies comme Haïti qui dépendent fortement des importations de pétrole. Mais comme les prix du pétrole ont chuté, la bénédiction de l’énergie du Venezuela s’est tournée en une malédiction.

Selon les termes de l’accord Petrocaribe, la baisse des prix du pétrole a, paradoxalement, augmenté les coûts des importations de pétrole des membres. Donc, comme les prix du brut baissent, les pays perdent l’accès à des conditions de financement extrêmement généreux qui équivalent à des subventions.

Lorsque l’huile est plus de 100 $ le baril, les pays membres de Petrocaribe payés seulement 40 pour cent des coûts initiaux, et la compagnie pétrolière d’État du Venezuela, PDVSA, couvre le reste de la charge avec un prêt à un taux d’intérêt d’environ 1% payables sur 25 ans. Certains ont également payé leurs factures de pétrole avec des échanges des produits ou des services agricoles.

L’argent supplémentaire à partir de paiements différés a aidé certains pays à financer des projets d’infrastructure et d’autres programmes sociaux, comme c’est le cas en Haïti.

Mais ces conditions de financement deviennent beaucoup moins généreuses avec la chute du prix de pétrole. Les pays bénéficiaires sont forcés désormais à payer d’avance, avec paiement intégral lorsque les prix chutent en dessous de 40 dollars le baril.

Le pétrole subventionné a également découragé les pays de Petrocaribe à diversifier leur production  de l’énergie avec des méthodes d’énergies renouvelables comme l’énergie solaire naturelle, qui est en abondance dans les Caraïbes.

« La plupart des membres de Petrocaribe dépendent de générateurs obsolètes de mazout pour fournir la majorité de leur électricité, une pratique que les Etats non subventionnés ont abandonné depuis longtemps », selon un rapport de recherche par l’analyste de la Banque Scotia Rory Johnston.

L’article a mentionne quelques pays des Caraïbes qui sont beaucoup plus à risque que d’autres. Selon Rory Johnston, Haïti, par exemple, a importé près de la totalité de son pétrole à travers tout Petrocaribe en 2013, et avait accumulé les paiements différés les plus élevés parmi le groupe. Tandis que Suriname et la République dominicaine ont une source plus diversifiée des importations de pétrole et ne seront pas touchées aussi durement par la perte du pétrole subventionné vénézuélien.

Encore une occasion qui doit nous interpeller et interpeller nos dirigeants politiques et économiques à repenser leurs stratégie de gouvernance économique et réorienter l’économie vers la diversification d’approvisionnement énergétique pour être à non seulement à l’abri des catastrophes mais également pour avoir un produit moins cher, qui pourrait être vendu à un prix moindre aux consommateurs qui sont obligés de payer un gallon de gazoline plus de deux fois plus cher que le gallon qui est vendu aux Etats-Unis au nom de l’équilibre des finances publiques.

Etzer S. Emile, M.B.A

Economiste

Radio Vision 2000

etzeremile@gmail.com

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