Haïti – Économie: Un avenir de plus en plus incertain du programme de Petrocaribe. Implications pour Haïti
Comme vous le savez, le Petrocaribe est une alliance entre les pays des Caraïbes dont Haïti et le Venezuela, premier exportateur de brut latino-américain, leur permettant d’acheter le pétrole à ce dernier à des conditions de paiement préférentielles. Ce qui a en quelque sorte augmente le niveau de dépendance des pays caribéens par rapport à ce programme.
Cette dépendance de dix ans au pétrole subventionné par le Venezuela va probablement toucher à sa fin pour plusieurs pays des Caraïbes avec l’entrée en jeu des Etats-Unis, qui veulent tenter une option alternative et plus durable en termes énergétique dans ce contexte d’incertitude au Venezuela.
En fait, les craintes de la baisse continue des prix du pétrole sont en train d’affecter sérieusement l’économie du Venezuela déjà bancale et hyper dépendante des ventes du pétrole. Une situation qui a donc suscité un intérêt particulier des Etats Unis pour trouver des alternatives énergétique pour la région au cas ou le Venezuela serait à l’avenir incapable de tenir le rythme d’approvisionnement.
A preuve de cet intérêt de ce marché pour les américains, ce lundi les dirigeants des Caraïbes lancent à Washington le premier Sommet Caribéen sur la sécurité énergétique, sur invitation du vice-président américain Joe Biden.
La situation économique s’est détériorée au Venezuela et donc le risque a augmenté pour l’ensemble des pays qui dépendent de son pétrole », a déclaré David Goldwyn, un consultant en énergie et ancien envoyé spécial du département d’Etat qui est très impliqué dans l’organisation du sommet.
L’accent sera mis sur la recherche de moyens pour aider les pays des Caraïbes à convertir les centrales d’énergie diesel au gaz naturel et accroître l’utilisation d’autres sources d’énergie alternatives.
En termes pratiques, le sommet est destiné à offrir une assistance technique, aide à l’obtention de financement et des conseils sur les modifications réglementaires qui peuvent attirer des investissements privés dans ce secteur, a indiqué un responsable du bureau du vice-président américain.
On se rappelle que les gouvernements des Caraïbes ont commencé à signer l’accord Petrocaribe en 2005 dans un contexte de flambée des prix du pétrole. Cela a permis aux pays membres de cet accord d’épargner plus d’argent et d’utiliser ces excédents gagnés à partir des prix préférentiels et les crédits à long terme pour financer leurs actions gouvernementales.
C’est le cas pour Haïti, pour répéter un article de Associated Press qui a finance des dizaines de projets de travaux publics au cours des cinq dernières années qui auraient été impossibles sans Petrocaribe.
Mais l’inconvénient toujours selon cet article, c’est que ce programme préférentiel empêche aux pays de la Caraïbes de devenir plus autonomes et de développer d’autres modèles alternatifs de financement.
«Ce est un peu comme la toxicomanie. Il est difficile pour eux de rompre », a déclaré Goldwyn, qui est co-auteur d’un rapport sur Petrocaribe, l’un des organisateurs d’une partie publique de du sommet de ce lundi.
Parallèlement, Petrocaribe a également augmenté l’endettement de ces pays, a titre d’exemple, cela a augmente les dettes de la Jamaïque de 3 milliards de dollars, d’où la dette publique qui aujourd’hui s’élève à 130 % du PIB de ce pays.
Pour Haïti, de l’entrée en vigueur de l’Accord PetroCaribe au 31 décembre 2014, le montant total des importations est d’environ 32.7 millions de barils de produits pétroliers pour le pays, ce qui s’élève à 3,54 milliards de dollars américains. La dette à long terme cumulée au 31 décembre 2014, devant être payée sur une période de 25 ans, se chiffrerait à 1,98 milliards de dollars.
Cependant, suite au séisme dévastateur du 12 janvier 2010, le Vénézuela a annulé officiellement 395 millions de dollars de la dette de la République d’Haïti. Par conséquent, la dette effective d’Haïti au 31 décembre 2014 est de 1,58 milliards de dollars américains.
Qu’en est il des soldes bancaires. En effet, les fonds de PetroCaribe accusent au 31 décembre 2014 des soldes bancaires de 6 millions de dollars américains sur le compte en dollars américains logé à la BNC, de 3,54 milliards de gourdes sur le compte en gourdes logé à la BNC et de 176 millions de gourdes sur le compte en gourdes logé à la BRH. Ce qui fait un total autour de 85 millions de dollars. Wow. Très peu d’argent comme solde, pour autant de projets en souffrance, autant de projets inachevés, autant de revendications, autant de besoins, autant de dépenses qui attendant l’Etat avec ces nouveaux ministres, et de nouvelles priorités.
Nous ne savons pas quelle stratégie que le nouveau gouvernement va développer, ou par quelle magie il va passer, mais ce qui l’attend est des plus compliquée, la situation est critique, les projets d’investissements publics auront certainement à souffrir pour longtemps.
Etzer S. Emile, M.B.A
Economiste
Radio Vision 2000