Haïti – Économie: La chute du baril de pétrole continue. Quelles sont les perspectives pour cette année?

Il y a six mois, quel analyste aurait parié sur une dégringolade aussi brutale et spectaculaire du baril de pétrole? C’est pourtant à ce niveau incroyable et stupéfiant qu’est tombé le prix du baril d’or noir, lundi 5 janvier, sur le marché, après être passé sous la barre symbolique des 50 dollars en cours de séance. La « faiblesse persistante » des cours du baril de l’or noir pourrait apporter 0,7 et 0,8 point de croissance de plus en 2015 et en 2016 au niveau mondial dans un scénario « optimiste », et 0,3 et 0,4 point de croissance supplémentaire dans-un scénario plus « pessimiste ».

Ces statistiques ont été calculées par Olivier Blanchard, l’économiste en chef du FMI, et Rahah Arezki, responsable de l’équipe de recherche sur les matières premières. Ces experts s’appuient sur l’hypothèse selon laquelle le recul des prix de l’or noir est dû, à hauteur de 60%, à une hausse surprise de l’offre de pétrole, le reste venant d’un recul de la demande. De manière évidente, les pays importateurs de pétrole sont les premiers à bénéficier du recul des prix via trois canaux principaux, notamment une baisse de leur facture énergétique, la baisse de leurs courts de production ainsi qu’un recul du taux d’inflation importée.

Cette situation de chute de prix du pétrole est expliquée en grande partie par la hausse de la production du pétrole aux Etats-Unis (augmentation de l’offre), et la baisse de la consommation de la demande la zone euro, la chine et le Japon (diminution de la demande), selon les analyses de plusieurs chercheurs sans oublier les thèse de guerre de prix qui serait provoquée par l’Arabie Saoudite contre les Etats-Unis ou guerre de prix des Etats-Unis contre la Russie.

Pour les pays exportateurs de pétrole, l’effet de cette baisse des prix du baril dépendra de leur degré de dépendance aux exportations de l’or noir et de la part de ces revenus qui alimente le budget de l’Etat. En octobre 2014, le FMI avait revu à la baisse, de 0,2 point, ses prévisions de croissance pour 2015, estimant que le produit intérieur brut (PIB) mondial devrait croitre de 3,8%. Il faut rappeler que les Etats-Unis se sont résolus, il y a quatre ans, à exploiter leur pétrole et leur gaz de schiste en 2015. Ils produiront bientôt l0 millions de barils par jour (ou l’équivalent), autant que l’Arabie saoudite. Avec cette production les Etats-Unis vont presque cesser d’importer du pétrole, et vont même commencer à en exporter. Rares et chers jusqu’ici, apanage de quelques pays grands exportateurs et instrument de puissance du cartel des pays exportateurs de pétrole (l’OPEP), le pétrole est désormais abondant, bon marché et mieux réparti.

Notons que les pays développés qui en sont les plus gros consommateurs, connaissent, depuis 2008 une faible croissance économique et ont dû apprendre à réduire leur consommation. Leurs besoins en énergie sont de ce fait plus faibles. La baisse du prix de l’énergie est donc partie pour durer et, en tout cas, les consommateurs sont assurés d’en bénéficier pleinement en 2015. Et en revanche, les pays exportateurs du pétrole, les plus peuplés d’entre eux en particulier et les plus dépendants de cette manne Russie, Iran, Algérie. Nigeria, et surtout le Venezuela devront procéder à des « révisions déchirantes » et apprendre à vivre comme les autres pays avec d’autres sources de revenus.

Haïti face à ce nouveau développement doit également penser à réviser ses politiques et commencer par anticiper une baisse continue du prix du baril de pétrole sur le marché internationale ? Est ce qu’on ne devrait pas arriver à de nouveaux prix du carburant à la pompe ? Est ce que le pétrole de PetroCaribe serait toujours aussi alléchant et compétitif sur un marché qui a connu des bouleversements considérables depuis l’été 2014 ? Quelle est la pertinence d’un tel programme dans un contexte pétrolier aussi particulier ?   Est-ce que le Venezuela pourra être aussi généreux en 2015 face à ses situations difficiles et ses déficits budgétaires dus au déséquilibre existant sur le marché du pétrole ? Un ensemble de questions qui doivent faire objet de discussion au niveau de la gouvernance économique de ce pays notamment au sein du nouveau gouvernement à venir pour le bien de l’économie haïtienne.

Etzer S. Emile, M.B.A

Economiste

Radio Vision 2000

etzeremile@gmail.com

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