Monde – Économie: La chute du prix du baril de pétrole. Causes. Conséquences et les perspectives pour Haïti
À deux semaines de la prochaine réunion de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole), le prix du baril de brut poursuit sa baisse. A rappeler que pour ce vendredi, le baril est a 74 dollars 30, alors que le brent s’installe pour la première fois à moins de 80 dollars soit 78 dollars 09, un record depuis 4 ans.
Il faut dire que depuis l’été, le prix du pétrole brut a chuté de 25 %, l’offre étant durablement supérieure à la demande. Et les marchés sont plutôt enclins à estimer que l’Arabie saoudite, chef de file de l’OPEP, ne réduira pas sa production pour soutenir les cours. D’ailleurs, ces dernières semaines, le « gendarme » de l’OPEP n’a pas signalé la moindre intention de le faire. Au contraire, la semaine dernière, ce dernier a choisi de réduire ses prix pour conserver ses parts de marché.
Selon les experts, la décision saoudienne pourrait être une réponse au boom du pétrole et du gaz de schiste aux États-Unis, qui rend le baril de brut moins compétitif. D’ici au 27 novembre, date de la réunion de l’OPEP, les opérateurs de marché seront attentifs aux déclarations des pays membres du cartel. Le Venezuela et l’Équateur ont déjà entrepris une « démarche conjointe afin de protéger les prix », visant une « certaine réduction de la production » de l’OPEP. Mais, pour les experts de Goldman Sachs, la baisse du prix du brut devrait se poursuivre et il faudrait même anticiper un baril à 70 dollars au deuxième trimestre 2015.
Les raisons d’une telle effervescence sont en partie à chercher du côté des Etats-Unis. Et plus spécifiquement du côté de leurs gaz et pétrole de schiste. Pendant des années, les soubresauts géopolitiques du Moyen-Orient ont masqué la montée en puissance des Etats-Unis, devenus depuis avril le premier producteur mondial d’hydrocarbures (même si l’Arabie saoudite et la Russie continuent à les devancer en termes de production de brut) selon l’Agence internationale de l’énergie.
Les États-Unis ont produit 9,063 millions de barils par jour au cours de la semaine du 7 novembre, soit un record depuis janvier 1983, lorsque le département américain à l’Énergie a commencé à publier ces statistiques. La production américaine a été soutenue ces dernières années par l’essor des techniques d’extraction pétrolière non conventionnelles et a plus que doublé depuis ses plus bas atteints au coeur de la crise financière en 2008, sur un rythme hebdomadaire.
Même si les États-Unis n’exportent pas leur pétrole brut, cette forte hausse de la production américaine se répercute sur le marché mondial, puisqu’elle permet au pays de réduire ses importations et force ses anciens fournisseurs à trouver d’autres débouchés — ce qui aggrave la surabondance d’offre sur le marché mondial. Couplée à une demande fragile au moment où l’économie mondiale peine à se redresser et à un renforcement du dollar, cette surabondance d’offre pèse depuis des mois sur les cours du pétrole, qui ont perdu près d’un tiers de leur valeur depuis la mi-juin.
Cette chute du prix du baril de pétrole s’explique non seulement par la faiblesse de la demande des Etats-Unis dans efforts de recherche d’indépendance énergétique, mais cette baisse du prix peut être également expliquée par le comportement des pays émergents qui sont moins demandeurs que prévu, et le marasme économique européen ne fait rien pour arranger les choses. Parallèlement, la Libye a recommencé à produire de l’or noir et, aussi, que les infrastructures pétrolières irakiennes semblent moins endommagées que prévu. Donc un ensemble de facteurs, pratiquement des relations d’offre et de la demande qui font chuter les prix du pétrole sur le marché international. Le prix d’équilibre n’est pas encore atteint.
Donc, comme nous l’avons dit la semaine dernière, cette tendance persistante a la baisse du prix du baril doit arranger certaines économies qui n’exportent pas le pétrole, mais qui l’importent, donc qui doivent l’acheter a un meilleur prix, mais parallèlement la chute du prix du pétrole affecte énormément les pays producteurs et exportateurs, et nuit grandement a leur équilibre budgétaire. Selon Bloomberg et Financial Times, pour que le budget national du Venezuela puisse être équilibré, le prix du baril devrait être à 160 dollars, alors que l’Iran verrait son budget équilibré avec un prix du baril de pétrole à 130 dollars. Pour l’Irak son équilibre budgétaire dépendrait d’un prix de 114 dollars, 110 dollars pour la Russie, 98 dollars pour Angola, 90 dollars pour l’Arabie Saoudite. Alors que des pays comme Etats-Unis et le Koweit même avec un prix du baril de pétrole inférieur à 80 dollars ont toujours leur budget national à l’équilibre.
Avec cette baisse continue du prix du baril de pétrole sur le marché international, peut être le gouvernement haïtien pourra se ressaisir et renoncer à augmenter encore une fois le prix à la pompe comme il comptait de le faire dans un futur proche, selon l’approche d’augmentation graduelle après l’ajustement du 10 octobre dernier, car ce serait vraiment dur et insupportable pour cette population de voir augmenter davantage les frais de transports, prix des produits alimentaires et autres produits dans ce contexte de misère et menaces environnementales.
Etzer Emile, M.B.A
Economiste
Radio Vision 2000