Situation de la faim dans le monde, dans la région et en Haïti
Comme nous l’avons annoncé en début de semaine, les trois agences des Nations Unies basées à Rome – l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Fonds international pour le développement agricole (FIDA) et le Programme alimentaire mondial (PAM) ont publié conjointement cette semaine le rapport annuel sur l’état de l’insécurité alimentaire dans le monde (SOFI).
Si la tendance est à l’amélioration, il faut dire que quelque 805 millions de personnes dans le monde, soit un être humain sur neuf, souffrent encore de sous-alimentation chronique, selon ce nouveau rapport. Ceci implique clairement que le premier des objectifs du millénaire pour le développement, a savoir la réduction de moitié la proportion de personnes sous-alimentées d’ici à 2015, ne sera pas atteint comme la Banque mondiale le souhaitait bien.
En fait, l’État de l’insécurité alimentaire dans le monde (SOFI 2014) confirme une tendance positive qui a vu le nombre de personnes affamées dans le monde diminuer de plus de 100 millions au cours des dix dernières années, alors que la population mondiale a augmenté respectivement d’environ 800 millions au cours de cette même période.
Il faut noter que l’Amérique latine et les Caraïbes arrivent en tête des régions du monde ayant réussi le mieux à réduire la faim affectant 15,3% de la population en 1990-1992 et seulement 6,1% en 2012-2014, selon l’Organisation pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO). Grâce aux politiques sociales mises en oeuvre par leurs pays respectifs, 31,5 millions de personnes dans la région Amérique latine et les Caraïbes ont été sauvées de la faim en moins de deux décennies. L’objectif est maintenant d’obtenir que les 37 millions de personnes qui en 2012 souffrent encore de malnutrition puissent dépasser ce seuil. Les mesures les plus efficaces sont les programmes d’alimentation scolaires, le soutien aux mères de famille, et l’appui de certains gouvernements à l’agriculture familiale, ouvrant plus de marchés pour ses produits.
Dans toute la région, des politiques sociales « très dynamiques » ont été mises en place pour combler le fossé, selon la FAO. Toutefois, le visage de la faim reste encore celui des femmes de la campagne. Parmi les 37 millions de personnes souffrant encore de la faim en Amérique latine, la plupart sont concentrées dans des zones rurales, où plus de la moitié de la population vit au dessous du seuil de pauvreté et 30% dans l’indigence.
Comme nous l’avons déjà annoncé, le rapport de cette année comprend sept études de cas : Bolivie, Brésil, Indonésie, Madagascar, Malawi, Yémen et Haïti. Ces études mettent en évidence quelques-uns des moyens mis en œuvre par ces pays pour lutter contre la faim et comment des événements extérieurs peuvent parfois influencer leur capacité à atteindre les objectifs de sécurité alimentaire et de nutrition.
En effet, dans ce rapport de la FAO, Haïti est présenté comme le pays où plus de la moitié de la population souffre de sous-alimentation chronique, Bien que cela représente une diminution de la prévalence de la malnutrition, qui était de 61,1 % au début des années 1990, mais le nombre de personnes souffrant de la faim a augmenté, passant de 4,4 millions en 1990-92 à 5,3 millions en 2012-14 parce que la croissance de la population n’a pas été compensée par un niveau suffisant de développement.
Toujours selon le rapport sur L’État de l’insécurité alimentaire dans le monde (SOFI 2014), l’insécurité alimentaire en Haïti est liée à des niveaux élevés de pauvreté extrême. Avec de faibles taux de croissance économique, avec une croissance moyenne d’environ 0,8% par an entre 2000 et 2012, la pauvreté persiste en Haïti, et les dernières estimations indiquent que près de 40% de la population vivait en dessous du seuil de la pauvreté extrême avec un revenu d’1 $ par jour.
La CNSA a fait état récemment de légères améliorations du niveau d’insécurité alimentaire dans le pays, mais la situation reste critique, très fragile notamment dans ce contexte d’incertitude politique susceptible d’aggraver la situation déjà insupportable. Une détérioration de la crise politique pourrait tout basculer et appauvrir davantage nos familles notamment celles en milieu rural, et hypothéquer la lutte contre la faim et les efforts pour le développement d’Haïti.
Etzer Emile, M.B.A
Economiste
Radio Vision 2000