Chute inquiétante des prix du pétrole et ses conséquences sur l’économie vénézuélienne

Le président Vénézuélien Nicolas Maduro a déjà 19 mois au pouvoir, et s’est toujours efforcé  d’éviter tout changement dans les politiques économiques héritées de son prédécesseur, Hugo Chávez. D’ailleurs, en dépit de la pénurie des produits de consommation de base, l’hyperinflation, et deux dévaluations forcées de la monnaie nationale au cours des deux dernières années, Maduro a toujours reconnu que le modèle économique de Chavez qu’il suit marche très bien. Cependant, avec la chute des prix du pétrole ces dernières semaines, qui est une nouvelle donnée dans l’équation, le président Maduro va être obligé éventuellement d’adopter de nouvelles formules économiques plus efficaces.

En effet, le prix de référence du baril de pétrole brut du Venezuela est tombé le 22 août dernier à 90 dollars 89, un prix record, soit le plus bas depuis deux ans. Dans un mois donc, le prix a chuté de 10 pour cent, suivi d’une baisse surprenante des prix internationaux en dépit des tensions du Moyen-Orient, qui devraient de préférence faire grimper les prix. Paradoxale quand même !

Pour le Venezuela, il faut dire que chaque baisse d’un dollar du prix du baril de pétrole, correspond à un manque à gagner d’un milliard de dollars pour l’Etat vénézuélien. Donc, des pertes vraiment considérables pour l’économie du Venezuela, suite à la variation à la baisse du prix du baril de pétrole. Avec un déficit budgétaire déjà estimé à 14 à 15 % du PIB, la baisse du prix du baril de pétrole doit faire beaucoup de mal au gouvernement vénézuélien d’autant plus que leur production nationale de pétrole continue de baisser.

Donc, selon les analystes, le prix du baril du pétrole va rester relativement stable jusqu’à la fin de l’année, ce qui deviendrait un véritable problème pour l’écomie vénézuélienne qui est très largement dépendante de la production et la vente du pétrole.

A noter que les revenus provenant des ventes de pétrole représentent 96 % des revenus d’exportation du Venezuela et près de la moitié des revenus totaux du gouvernement.

D’un autre coté, les réserves internationales de l’Etat vénézuélien ont baissé considérablement. Elles étaient l’équivalent d’environ six mois d’importations au début de l’année, elles totalisent seulement trois mois aujourd’hui.

En plus de cela, il y a un sérieux problème de pénuries de denrées alimentaires de base, notamment le café, le lait et la farine de maïs, ainsi que des médicaments, des pièces de rechange, papier hygiénique, savon et détergents. D’autre part, beaucoup de compagnies aériennes internationales ont réduit leur service au Venezuela en attendant que le gouvernement honore ses obligations d’une dette de 3,5 milliards de dollars envers ces compagnies. Beaucoup d’usines sont au repos; La production automobile du pays a chuté de plus de 85 % en un an.

Bref ! Maduro pendant 19 mois au pouvoir se contente d’accuser les opposants et les détracteurs de mener une «guerre économique» contre lui, sans vraiment penser à des stratégies radicales, de bons remèdes, de bonnes mesures pour l’économie.

Parlant de mesures économiques, il faut dire que le mois dernier, le président Maduro a promis d’augmenter le prix de l’essence nationale, qui, jus qu’à présent est le carburant le moins cher du monde, avec un litre qui se vend a seulement 0,01 dollar américain. (ce qui ne correspond même pas une gourde nationale). (Cependant il faut dire que cette subvention coûte au gouvernement environ 12 milliards de dollars par an). Au début, cette annonce d’augmentation du prix du carburant a reçu un large soutien; pourtant, de récents rapports sur la corruption au sein du gouvernement et la poursuite des dons de pétrole à Cuba et d’autres alliés dont Haïti ont fait baisser grandement le soutien de toute mesure de hausse des prix. Aujourd’hui, seulement 35% soutiennent cette augmentation.

Un vrai dilemme pour Maduro, de mauvais développement qui ne cessent pas de déstabiliser le régime vénézuélien face une population de plus en plus insatisfaite. Une situation qui doit nous interpeller ici en Haïti, qui reçoit de très grands supports du gouvernement vénézuélien.

Donc, nous devons nous préparer à toute éventualité, notamment en termes de changement dans les termes du Petrocaribe. D’ailleurs, l’analyse de ISC de notre budget pour le prochain exercice 2014-2015 a révélé une baisse de près de 10 à 11% du financement de Petrocaribe par rapport au budget précédent.

Nous ne voulons pas être du tout alarmiste, mais nous voulons de préférence attirer l’attention de tout le monde sur les éventuels développements de notre économie, de loin trop dépendante des supports du Venezuela.

Etzer Emile, M.B.A

Economiste

Radio Vision 2000

etzeremile@gmail.com

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