Pour les Haïtiens, l’emploi est prioritaire dans la reconstruction, selon une enquête d'Oxfam
Oxfam enquête auprès des Haïtiens à l’approche de la cruciale Conférence sur Haïti qui se tiendra à New York le 31 mars
Alors que les gouvernements haïtiens et étrangers, l’Organisation de Nations Unies et les bailleurs de fonds se réunissent ce mercredi à New York afin de discuter des efforts de reconstruction en Haïti suite au tremblement de terre dévastateur du 12 janvier 2010, le peuple haïtien demande à ce que l’emploi soit le chemin de la reconstruction.
En effet, selon une enquête réalisée auprès de 1 723 personnes par une firme indépendante haïtienne et financée par l’organisation internationale Oxfam, les besoins les plus pressants des Haïtiens sont l’emploi (26%), les écoles (22%) et le logement (10%).
Les Haïtiens interrogés lors de cette enquête ont également exprimé leur manque de confiance en la capacité de leur gouvernement à mener, unilatéralement, à bien le plan de reconstruction devant être présenté cette semaine à New York. Ils pensent au contraire qu’un partenariat entre le gouvernement central et la société civile haïtienne ou un gouvernement étranger serait mieux à même de mettre en œuvre le plan de reconstruction.
Ces opinions sont le résultat d’une enquête personnalisée et en profondeur, réalisée auprès d’Haïtiens appartenant à diverses catégories d’âge, de statut socio-économique et vivant dans divers endroits, dont les résultats complets seront disponibles en avril. Les Haïtiens ont exprimé leurs opinions sur des questions diverses, telles que l’efficacité de l’aide, le leadership des efforts de reconstruction et les priorités devant être établies à l’occasion de la conférence de New York. La firme a réalisé l’enquête du 9 au 12 mars dernier dans plusieurs quartiers de Léogâne et de la capitale, Port-au-Prince, dont Pétion-Ville, Delmas et Carrefour.
« Les Haïtiens nous disent haut et fort qu’ils veulent se remettre sur pied et commencer à reconstruire leur pays. La conférence de New York et les efforts qui s’ensuivront doivent avoir pour priorité de s’assurer que le peuple haïtien puisse recommencer à travailler. Les Haïtiens ne veulent pas de charité, ils veulent travailler, éduquer leurs enfants et faire en sorte d’avoir un toit au-dessus de leurs têtes la nuit. En tant que communauté internationale, nous devrions pouvoir le faire, » dit Marcel Stoessel, le chargé de mission en Haïti d’Oxfam International.
Les Haïtiens ont également exprimé leurs opinions concernant les efforts d’assistance mis en œuvre après le tremblement de terre du 12 janvier et la performance globale des agences sur le terrain. En dépit des récentes critiques concernant l’efficacité de leur intervention globale, plus de 60% des personnes interrogées jugeaient que la qualité et l’efficacité de la distribution de l’aide par les ONG internationales étaient bonnes. 70% de ces personnes se félicitaient des actions menées par les gouvernements étrangers au cours de la période d’assistance après le tremblement de terre. Beaucoup de gens n’ont pas exprimé d’opinion au sujet de l’efficacité de la distribution de l’aide, et ont ainsi illustré les divergences et incompréhensions suscitées par une opération d’assistance d’une telle ampleur.
« Il est compréhensible que les gens éprouvent une certaine anxiété à l’égard de l’intervention de leur propre gouvernement. La communauté internationale doit déployer tous les efforts dont elle est capable pour aider le gouvernement haïtien à se remettre sur pied. Sans le gouvernement, il ne peut y avoir de reconstruction durable », explique Philippe Mathieu, le Responsable pays d’Oxfam-Québec originaire d’Haïti.
Dans un autre rapport intitulé « Haiti: A Once-in-a-Century Chance for Change », publié la semaine dernière, Oxfam recommandait que le gouvernement haïtien et son peuple soient placés au centre des efforts de reconstruction. Oxfam précise que le renforcement du gouvernement central sera indispensable pour permettre à la totalité des secteurs de la société haïtienne, des médias aux organismes caritatifs locaux en passant par les associations d’agriculteurs, de participer ouvertement à la prise de décisions et au processus de mise en œuvre.
Dans ce rapport, Oxfam appelle les gouvernements et les leaders internationaux à placer de toute urgence les besoins d’assainissement et d’abris au centre de leurs priorités.
Avec l’arrivée des fortes pluies le mois prochain et avec plus d’un million de personnes vivant encore dans des conditions extrêmement précaires, Oxfam a procédé à une évaluation concernant l’immense défi que devra affronter le pays au cours des semaines à venir. Dans le rapport, Oxfam remarque que l’enregistrement complet des personnes déplacées n’a pas encore été effectué. En outre, ni le gouvernement ni la communauté internationale n’ont encore véritablement abordé et consulté les groupes locaux, qui ont fait preuve d’un leadership hors du commun après le tremblement de terre du 12 janvier.
Oxfam indique que la coordination et le leadership d’ensemble de toutes les organisations, y compris les ONG, se trouvant sur le terrain doivent s’améliorer, notamment entre le gouvernement central et les Nations Unies. L’organisation appelle la conférence de New York à fournir à toutes les parties prenantes concernées une orientation claire sur l’avenir d’Haïti.
« Le mécanisme de financement qui sera décidé ne peut entraver les efforts visant à permettre aux Haïtiens de se remettre sur pied. Nous voulons un système garantissant que les processus de reconstruction et de reprise soient efficace et orientés dans la bonne direction », a dit M. Stoessel.
Source: Oxfam