Gottfried Kraüchi et Haïti : une histoire d’amour

Je viens d’apprendre avec consternation la triste nouvelle de la mort d’un grand bienfaiteur de Jacmel, le suisse GOTTFRIED KRAUCHI. Et je m’empresse d’adresser mes plus sincères condoléances à sa famille : sa femme, Yolette Theodore-Kraüchi ; ses enfants : les jumelles Lydie Kraüchi-Lys et Marie-Sophia Kraüchi ; Stéphan Kraüchi, Elisabeth Kraüchi-Dumas ; ses multiples neveux et nièces dont Dario et Jenny Théodore. A ses beaux-frères et belles-sœurs j’étends mes condoléances. Condoléances aussi aux membres de la Direction du Collège Suisse de Jacmel et à tous les enfants de notre ville qui ont bénéficié de la création du COLLEGE SUISSE par cet homme de cœur.

Gottfried est arrivé en Haïti en 1973, il avait 39 ans. Il vivait au quartier du Bel-Air chez sa copine Edith, une mannequin allemande, qui avait une boutique de vêtements. A cette époque, le bel-air était un quartier propre et intéressant et, les galeries par devant les résidences et les boutiques servaient comme salle de classe de philosophie de la vie haïtienne, pour quiconque voulait apprendre à mieux connaitre et comprendre notre culture. Gottfried fut de ceux-là. Et, c’est en regardant passer les gens, en les écoutant parler de leurs difficultés quotidiennes qu’il décida de rompre avec l’attitude de touriste en villégiature qu’il était (il était dans un voyage de tour du monde) pour prendre résidence permanente dans la fière cite d’Alcius Charmant.

A Jacmel, il était comme un poisson dans l’eau puisqu’il y avait encore dans cette ville une élite intellectuelle et des gens aisés qui donnaient un certain ton à la jeunesse montante. Avec son ami Jacmélien, Emmanus Leger, il fonda le collège suisse et il offrit ses services comme volontaire, enseignant les maths et la physique.

Passionné d’échecs, il forma la jeunesse Jacmélienne à ce jeu d’intelligence et bientôt, Jacmel eût son propre champion : Valérie Afriany, qui voyagea jusqu’en Grèce pour porter haut l’étendard de l’équipe nationale dans les tournois internationaux. Une coupe pour les compétitions de jeu d’échecs est nommée après Gottfried Kraüchi. Cet éminent professeur s’intégra si bien dans nos mœurs que son père est inhumé dans le cimetière de Jacmel et ses enfants, bien qu’ils détiennent des passeports suisses sont 100% des deux nationalités.

Après le coup d’état contre Jean-Bertrand Aristide en 1991, les militaires et les macoutes furent très hostiles à tout ce qui était français, vu que ce fut feu Raphaël Dufour, Ambassadeur de France, qui sauva la vie au Président de la République. J’étais alors Directeur des Cours de l’Alliance, sous la Présidence du Professeur Jean Claude. Le coopérant français, Jean-Claude Aubry et sa femme durent quitter Jacmel à la hâte à cause des dérapages qui prévalaient sous les putschistes. Nous avions connus des moments intenses de stress, de persécutions ridicules et gratuites, orchestrées par certains grands pillards Jacméliens de bibliothèques qui lorgnaient la riche collection de l’Alliance Française. Maurice A. Lubin venait d’octroyer en don 4 mille ouvrages de littérature, de géographie, de vodou, d’histoire et de sociologie sur Haïti à notre institution.

Une fois, il a fallu l’intervention de l’évêque de Jacmel, Monseigneur Guire Poulard, pour demander au colonel Germain de lui accorder la vie du Directeur de l’Alliance d’alors, Gottfried Kraüchi, un des fondateurs du Collège Suisse qui fut arrêté, persécuté, interrogé. Carte blanche fut donnée à lire la suite sur www.bonzouti.com

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