Haïti – Epidémie choléra en Haïti: une grave crise humanitaire annoncée
A ce jour, l’épidémie de choléra apparue en octobre 2010 en Haïti a déjà affecté 645 000 personnes, soit plus de 6% de la population, et enregistré 8028 décès selon l’OMS[1]. Pour 2013, les projections de l’organisation s’élèvent à 120 000 cas, soit l’équivalent du nombre de cas de l’année 2012. D’après l’étude de l’équipe du professeur Renaud Piarroux, Haiti concentre plus de la moitié du nombre de cas de choléra dans le monde et environs 1/3 des décès en 2012.
Alors que le nombre d’acteurs internationaux d’urgence en santé et en eau-hygiène- assainissement se retirent de la lutte contre le choléra, faute de moyens, l’épidémie ne cesse pas et tue toujours. Début 2013, le nombre de cas est comparable à début 2012, ce qui laisse craindre une nouvelle recrudescence des cas à la prochaine saison des pluies. A ce jour, le niveau de létalité est supérieur au seuil « acceptable » de 1%, taux largement dépassé dans certains départements.
En parallèle, nous constatons l’abandon et la fermeture d’un nombre très important des Centres de traitement du Choléra CTC et des Unités de traitement du Choléra (UTC), dans le pays depuis la fin de l’année 2012 ; à Port au Prince, le nombre de CTC est passé de 84 à moins d’une vingtaine en 2013. Et les capacités de réponse d’urgence communautaire, en particulier dans le domaine du traitement de l’eau et de l’assainissement se sont également drastiquement réduites. Cette réduction des capacités est d’autant plus critique que la transition vers le renforcement des capacités du Ministère de la Santé Publique et de la Population MSPP et de la DINEPA (Direction de l’eau Potable et de l’Assainissement n’a pas été sécurisée à court et moyen terme. Dans certains départements régulièrement affectés, la capacité de réponse d’urgence est à ce jour quasi nulle.
Ces faibles capacités de réponse d’urgence pourtant nécessaire à l’élimination de l’épidémie de choléra sont également fragilisées par un système d’information et d’alerte caractérisés par de nombreux gaps dans la surveillance, et dont la fiabilité n’est pas assurée.
Enfin il est regrettable qu’aucun acteur ONG n’ait été impliqué dans l’élaboration du plan national d’élimination du choléra, alors que ces derniers ont joué un rôle essentiel dans la réponse aux flambées ces dernières années. L’approche structurelle de lutte contre le choléra ne doit pas faire oublier les besoins immédiats des populations en termes d’eau, d’assainissement et de prise en charge.
Nous ne pouvons pas attendre que la situation de crise actuelle s’accentue pour réagir et déployer une capacité de réponse ; les conséquences seraient dramatiques pour la propagation de l’épidémie.
A l’approche de la saison pluvieuse et dans un contextede recrudescence de la morbidité et de la létalité liées au choléra, le CCO alerte sur la diminution des capacités de réponse en santé, en eau-hygiène-et assainissement et appelle une remobilisation urgente des acteurs nationaux et internationaux.
Le choléra doit rester une préoccupation majeure en Haiti. (http://www.espacedatapresse.com)
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