Haïti-Culture : « Plingue », une particularité des danses rara

Comme tous les ans, la période pascale a été une fois de plus cette année, le théâtre des bandes de « rara », notamment en milieu campagnard haïtien, où se pratique le plus cette sorte de carnaval rural. À Port-au-Prince, des bandes de « rara » ont dansé aussi et ce, de manière différente.

Si des gens avaient choisi de se regrouper sous des temples ecclésiastiques pour implorer l’être suprême durant la semaine sainte, d’autres avaient plutôt opté d’aller danser du « rara », soit à Léogane, bastion traditionnel de cette manifestation culturelle haïtienne ou dans leur région respective. Ainsi va la vie !

Cependant, de toutes les « danses rara » tirées du répertoire folklorique haïtien, « Plingue » paraît celle qui retient l’attention le plus. Elle est l’une des trois « danses rara » qu’existent depuis la création de cette manifestation culturelle populaire, dont l’implantation en Haïti remonte à l’époque coloniale.

« Plingue », est cette « danse rara » où les musiciens, essentiellement hommes, choisissent de ne pas utiliser le tambour, mais plutôt du bambou en grande partie et quelques rares autres instruments de rituels traditionnels.

Munis de machettes réalisées en bois, les danseurs sont revêtus de robes fabriquées avec du tissu de toutes les couleurs, comme pour simuler les hommes de l’ère du Rome antique. Complètement enivrés, ils dansent à pas feutrés sous l’emprise du tafia. Une forme de danse plutôt inhabituelle qu’offre gratuitement du spectacle en veux-tu en voilà.

Dépourvue de majors joncs, à travers « Plingue » qu’est l’une des danses folkloriques locales, se dégage toute la trame culturelle du peuple haïtien, constate-t-on. Cette particularité de danse de cette forme de bamboche populaire, puise son origine dans la région de la Grand’Anse, singulièrement à Pestel où l’on opte généralement pour la danse « Plingue ».

Une chorégraphie populaire qui, dans son évolution, témoigne encore dans le temps et dans l’espace du dualisme psycho-physique auquel réagit l’âme haïtienne. Par cette danse ponctuée de chants, se rappelle-t-on la cale du négrier, le ramenant d’Afrique où l’esclave disait dans ses complaintes, son chagrin d’être arraché de la mère patrie, de l’ALMA MATER. Sous le fouet du commandeur, il rythmait ses mouvements en arrosant, de sa sueur et de son sang, la terre coloniale.

 Depuis quelques années, une équipe pesteloise se mobilise à Port-au-Prince pour offrir du spectacle à la capitale, nous indique Germain Jeanty, l’un des capitaines et musicien d’une bande. Ce groupe est rejoint par des musiciens qui vivent à Pestel, nous informe-t-il.

« Étant donné qu’il en existe plusieurs dimensions, chaque bande de rara danse sur ses pieds », déclare Germain embué de sueur.

Notons bien qu’à côté de cette danse particulière, il y a aussi la « danse rara à train » où les musiciens utilisent, outre le tamtam comme instrument de fond, les squelettes de la mâchoire du cheval. Mais il y a également la « danse rara vodou », de laquelle on fait usage du tambour et plusieurs autres instruments qui répètent et plongent en écho les accents rythmiques tumultueux du folklore, étant donné la grande portée vodouesque du « rara »

En effet, culturellement pour l’homme haïtien, la danse est une prière à la nature enchantée. Elle est présente et participe à toutes les manifestations de notre vie sociale, de la naissance à la mort. Elle participe du soubassement de cette culture et, sous certain rapport, elle est l’expression même d’un mode de pensée et d’être. « Plingue » est bien évidemment de ce mode de pensée et d’existence du nègre haïtien. (hpnhaiti.com)

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