Haïti-Choléra : « La décision de Michel Forst, une goutte d’eau dans un océan », disent des avocats

La récente démission, il y a environ huit jours, de Michel Forst, ex-expert indépendant de l’Organisation des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme en Haïti, a conforté nombre d’avocats dans leur démarche, plaidant pour le dédommagement et la réparation des victimes du choléra du pays.

Plusieurs avocats – surtout ceux qui s’engagent dans une bataille en faveur des victimes du choléra – contactés par Haïti Press Network saluent la décision de Michel Forst de remettre sa démission et d’appeler l’Onu à prendre ses responsabilités face aux victimes.

« Nous accueillons, au BAI, avec satisfaction la décision de Michel Forst, qui a remis sa démission la semaine dernière. Je pense que sa décision veut dire beaucoup dans cette affaire… », a déclaré Mario Joseph, du bureau des avocats internationaux (BAI), à Port-au-Prince.

Mario Joseph, l’un des avocats de 5000 victimes du choléra, qui a porte une plainte, le 3 novembre 2011, devant l’Onu pour exiger le dédommagement et la réparation à l’amiable (sic) des victimes, croit qu’ « avec la démission de Forst, le débat est relancé sur le processus de dédommagement des victimes ».

« Immunité, a insisté Mario Joseph, ne veut pas dire impunité. Certes, le secrétaire général de l’Onu a déclaré irrecevable notre plainte mais cela ne veut pas dire que le dossier est clos définitivement. »

« Nous sommes déterminés plus que jamais à relancer le dossier, en dépit du fait que l’Onu a eu à déclarer irrecevable notre plainte. Il faut que les victimes soient réparés et dédommagés », a dit Mario Joseph, estimant que les avocats des victimes sont sous la bonne voie.

L’avocat Newton Louis St Juste, pour sa part, a dit déplorer la démission de Michel Forst dans un moment si « important » dans la lutte en faveur des milliers de victimes du choléra, dont les soldats népalais de la mission onusienne en Haïti sont indexés de la propagation.

« Michel Forst a garanti une certaine équilibre dans le dossier. Sa démission est pour nous un [coup…] mais nous n’allons pas baisser les bras face à l’irresponsabilité du gouvernement », a indiqué Me St Juste qui, tout de même, a tenu à saluer le courage de M. Forst.

Étant l’un des avocats qui a sommé le gouvernement à mettre sur pied le comité, selon l’accord entre l’État haïtien et l’Onu réglementant la présence de la Minustah en Haïti, devant défendre toutes victimes de la mission onusienne dans le pays, Newton Louis St Juste a renouvelé sa détermination d’aller « jusqu’au bout avec le dossier ».

« La semaine dernière, nous avions écrit aussi le représentant du secrétaire général de l’Onu en Haïti, Nigel Fisher, lui demandé de désigner le représentant de l’organisme dans le comité de défense des droits des victimes de la mission », a indiqué St Juste.

Selon Newton Louis St Juste, « Nigel Fisher a un délai de trente jours francs, jusqu’au 22 avril, ou à l’expiration du délai qui a été accord au gouvernement haïtien soit le 29 mars en cours pour mettre sur pied le comité, lui-même ».

Mais, a indiqué l’avocat St Juste qui défend aussi les victimes du choléra, si le gouvernement ne respecte pas le délai qui l’a été imparti, « nous allons prouver sa mauvaise foi dans le dossier avant de le poursuivre juridiquement ».

« Selon l’accord du 30 juillet 1886, et l’arrêté du 12 avril 1912 ainsi que le code pénal haïtien, les victimes du choléra ont la provision légale de poursuivre le gouvernement pour négligence etinobservation des règlements sanitaires », a précisé Me St Juste, du barreau de Port-au-Prince.

Dans la foulée, plusieurs organisations de défense de droits humains locales, aidées par des organisations internationales, de familles victimes et des victimes du choléra, eux-mêmes, continuent incessamment de réclamer réparation et dédommagement. (hpnhaiti.com)

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