Haïti-Agroalimentaire: Des agriculteurs en quête de souveraineté alimentaire

Des milliers de petits agriculteurs haïtiens convergent cette semaine vers la ville de Hinche, à 14O km au nord-est de Port-au-Prince, pour réclamer une organisation plus cohérente dans un pays qui importe plus de la moitié de ses produits alimentaires.

Oui pour la réforme agraire. Oui pour une agriculture agroécologique, martèlent les paysans réunis pour le 40e anniversaire du Mouvement paysan de Papaye (MPP), organisation haïtienne dont l’objectif affiché est la souveraineté alimentaire des populations.

Quarante ans de lutte en faveur du changement social. Nous voulons une vraie réforme agraire, répètent comme un refrain les quelque 300 délégués paysans rassemblés pour la première journée du congrès annuel.

Ce rassemblement doit culminer vendredi avec une marche rassemblant 40.000 paysans, annonce Chavannes Jean-Baptiste, leader du MPP, qui s’était vivement opposé à l’arrivée en Haïti de semences hybrides ou OGM du géant industriel américain Monsanto après le séisme de 2010.

L’agroécologie, méthode basée sur le renouvellement des sols qui bannit l’utilisation des engrais chimiques, est expérimentée un peu partout dans le monde. Elle vise à offrir de meilleurs rendements et à réduire la pauvreté en fournissant de l’emploi rural.

Haïti, où un peu plus de 1,5 million d’hectares de terre sont cultivés, compte quelque 800.000 petites exploitations agricoles.

Le passage de l’ouragan Sandy, fin 2012, a occasionné des pertes évaluées à plus de 150 millions de dollars dans le secteur agricole, provoquant une hausse spectaculaire des prix alimentaires.

Les petits agriculteurs haïtiens rassemblés à Hinche ont reçu le soutien de nombreuses organisations internationales, venues de France, du Brésil ou des Etats-Unis.

Démontrer que nous sommes une force dans le pays

————————————————–

Nous cultivons les mêmes valeurs. Nous apportons une collaboration idéologique aux petits agriculteurs haïtiens qui doivent prendre leur destin en main, explique Yves Altazin directeur de l’ONG française Frères des hommes. Nous allons acheter 40.000 tonnes de semences pour les paysans d’Haïti grâce à une collecte réalisée en ligne, explique-t-il.

Des représentants d’organisations du Brésil, Mouvement des sans terre, du Canada, ou de l’ONG latino-américaine Via Campesina sont également présents dans l’assemblée.

Beverly Bell, écrivain américaine et coordonnatrice de Other Worlds milite depuis trente ans pour soutenir la lutte des paysans d’Haïti.

Je suis une militante. J’essaie de faire prendre conscience de la situation des Haïtiens qui n’ont pas besoin de chance, mais de la solidarité internationale pour s’en sortir, dit-elle du haut de la tribune dans un créole presque parfait suscitant les applaudissements des congressistes.

Haïti sortira de la crise si les paysans sont aidés et soutenus, renchérit le responsable de la coopération française rappelant l’intervention de la France aux côtés des petits planteurs.

Pour Chavannes Jean-Baptiste, la priorité pour les agriculteurs haïtiens est une véritable réforme agraire au terme de laquelle chaque agriculteur pourrait sécuriser une portion de terre pouvant nourrir sa famille et approvisionner les marchés locaux.

Les paysans doivent être considérés comme des Haïtiens comme les autres, ils doivent être respectés et impliqués dans les décisions du pays, lance-t-il.

Nous devons démontrer que nous sommes une force dans le pays. (romandie.com)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *