Haïti-Société : Les poulets rôtis du Champ de Mars n’y sont plus
Pour une énième fois, les marchands informels et illégaux des poulets de fumée au Champ de Mars sont déguerpis par les autorités municipales dans le cadre d’une opération de débarrassage des rues dans la capitale.
Cet endroit de référence des amants de ces poulets importés, est maintenant vidé de ses occupants anarchiques. Plus de barbecues au charbon qui répandent dans l’air, autrefois si frais du Champ de Mars, une odeur de brûlé.
Cependant, nombreux sont les gens qui s’interrogent sur le caractère pérenne de cette décision de la mairie, tenant compte de celles qui ont déjà été prises dans les années antérieures.
En effet, il est extrêmement difficile de compter le nombre de fois que l’État a pris la décision de déguerpir les propriétaires de ces restaurants de fortune, dont les saletés et les immondices contribuent à faire du Champ de Mars un véritable dépotoir.
Alors que cet espace, victime d’un déficit de surveillance et de prise en charge réelles par l’État, était considéré jadis, comme étant l’une des plus attrayantes places publiques du centre-ville où jeunes, enfants et adultes pouvaient se détendre en toute tranquillité.
« Je me débrouillais assez bien là. Surtout les week-ends. On m’empêche aujourd’hui d’installer mes bataclans ici. Alors que je ne sais même pas à quel saint me vouer pour trouver de quoi nourrir mes enfants », lâche tristement Marie-Jeanne, ses jambes recroquevillées sous sa poitrine et la main droite collée à la mâchoire.
Par ailleurs, si cette mesure de déguerpissement entreprise par la mairie de Port-au-Prince, enchantent pas mal de citoyens, ce n’est nullement le cas pour les débrouillards habitués dans cet espace très fréquenté, où ils sont plus à même de se faire des clients.
« J’en suis conscient d’avoir occupé illégalement cet espace du Champ de Mars, la plus grande place publique du pays. Mais hélas ! C’était là, jusqu’à ma chasse, que j’assurais une certaine survie. Là, la vie est moins obscure pour moi », martèle pour sa part, Louis-Jean Baugé. Ce dernier a, en passant, proposé à l’État de construire des structures payantes modernes, où les marchands pourraient continuer à mener leurs activités (poulets rôtis et glace) pour le bonheur de plus d’un.
Outre les conséquences du séisme de 2010 qui avait conduit des milliers de déplacés au Champ de Mars, depuis des années, cet endroit se trouve tristement transformé, sous les regards complaisants des autorités constituées, en un lieu de liquidation des poulets de fumée, exposés à ciel ouvert pour le bien-être des mouches, dans le voisinage du Rex Théâtre, du commissariat de Port-au-Prince, du Musée d’art haïtien, du collège Saint-Pierre, de la faculté d’Ethnologie, du Mupanah et même du Palais national.
Ne dérangent plus la vue ces derniers jours, les tentes mal entretenues, les ustensiles de cuisine encombrants, les réfrigérateurs usagers, les tables branlantes et bancales, les chaises sales et les installations d’autres attirails et d’appareils électroniques et électroménagers qui occupaient les trottoirs et une bonne partie de la chaussée dans un décor affreux.
Étant une grande place publique de la capitale, d’aucuns estiment qu’elle peut être aménagée par l’État en y construisant des petits hangars où l’on peut s’offrir un hot-dog et/ou une glace, comme cela se fait aux abords de toutes les grandes places publiques du monde. Moyennant, croient-ils, que les tonnelles de fortune soient remplacées par des unités mobiles plus modernes, respectant les principes élémentaires d’hygiène et produisant moins ou pas de fatras. (hpnhaiti.com)
Mesi Majistra, li te lè te te tan pou moun sa a yo te kite Champs-Mars. Pou sa a selman, mwen ba w 7/10 paske mwen gen nostalji Champs-Mars lontan an.