Haïti-Culture-Exposition : Rétrospective sur le mouvement « Haïti Littéraire » à la Fokal
Arrestations, disparitions, exil ont marqué la période « Haïti Littéraire » sous Duvalier.
La Fondation connaissance et liberté (Fokal) invite à revivre les temps forts du mouvement « Haïti littéraire » à travers le vernissage, le lundi 11 mars 2013, d’une exposition, consacrée notamment aux cinq poètes fondateurs de ce courant, a observé l’agence en ligne AlterPresse.
Des photos, des livres et affiches sont présentés à cette occasion, en vue de mettre en évidence les figures de proue de ce mouvement littéraire créé, en 1960, par Serge Legagneur, Roland Morisseau, Anthony Phelps, René Philoctète et Villard Denis (Davertige).
Empruntant une nouvelle orientation, ces poètes ont suscité, dans la poésie haïtienne, un type d’échange plus fécond entre les créateurs de différents secteurs : peintres, sculpteurs, céramistes, comédiens, dramaturges, musiciens, d’une part, et, intellectuels et idéologues, d’autre part.
A cause de la dictature de François Duvalier (22 septembre 1957 – 21 avril 1971), certains d’entre eux ont été obligés de changer de formes littéraires pour exprimer leurs émotions, souligne Élisabeth Pierre-Louis, directrice des programmes à la Fokal.
L’exposition « Haïti littéraire » vise à faire connaitre, aux jeunes d’aujourd’hui, l’existence de ce grand mouvement et leur montrer son rôle de résistance par rapport à la dictature d’alors.
Très important pour les jeunes, ce mouvement littéraire doit leur rappeler qu’il y avait plusieurs artistes tués ou contraints à l’exil pour la défense de leur liberté d’expression, fait-elle remarquer.
Après 4 semaines d’emprisonnement, sous le régime dictatorial de François Duvalier, en 1964, l’écrivain Raymond Jean-François part en France et revient en 1968 pour mener une lutte armée. Il a été assassiné à son domicile, en juillet 1969, au Cap-Haïtien par les macoutes (milice armée du régime).
Après un séjour dans les prisons de Duvalier, le poète Antony Phelps a été contraint de s’exiler à Montréal (Canada).
Présent lors du vernissage de cette exposition, Phelps profite pour encourager la jeunesse haïtienne à écrire et à lire de bons auteurs.
Sous l’influence de la dictature, Marie Vieux Chauvet a dû aussi s’exiler à New York (États-Unis d’Amérique) après son retrait de publier son livre titré « Amour, colère et folie ».
Elle ouvrait sa maison de Bourdon au groupe d’Haïti littéraire pour des réunions sociales et littéraires.
« Créer sous la dictature nous a obligés à maitriser l’ellipse, à dire sans dire, à recourir à la métaphore. L’atmosphère de terreur nous a forcés, en quelque sorte, à nous approcher, de plus en plus, de l’essence même de la poésie……..Et puis l’inévitable est tombé parmi nous, comme un coin de silex. Et ce furent les arrestations, les disparitions, l’exil », lit-on sur une affiche exprimant le contexte de création de l’époque.
Jusqu’à vendredi 15 mars 2013, sont prévues plusieurs manifestations, comme une exposition des photos, des livres et des textes des auteurs d’Haïti Littéraire.
Une conférence d’Anthony Phelps (84 ans en 2013), illustrée de films courts autour du mouvement, des interprétations de musiques et de chants font aussi partie du menu.
Cette conférence de Phelps, qui se déroulera le mercredi 13 mars à 5:00 pm (21:00 gmt), viserait à aider à découvrir ou redécouvrir l’histoire du mouvement. (alterpresse.org)