Haïti-Économie: Entreprises condamnées à la fermeture
9 janvier 2013. C’est le début de la descente aux enfers d’un peu plus d’une dizaine d’entreprises de la rue Rigaud, à Pétion-Ville. Sans
avertissement, font remarquer certains propriétaires, la rue a été fermée dans les deux sens, sur plus d’une dizaine de mètres, puis
grignotée pour les besoins d’extension du parc Sainte-Thérèse.« Je n’ai même pas été avertie », ressasse, dépitée, la propriétaire d’un
restaurant, lundi 4 mars.« Du jour au lendemain, ma vie a basculé. Dans ce pays où il n’y a pas d’ambulance, je suis obligée de garer ma
voiture chez le voisin. Et mes tentatives pour rester à flot avec le restaurant sont vaines, car les clients ont déserté alors que les frais
fixes tentent à exploser», poursuit-t-elle. « Dans ce pays, on a des devoirs mais pas des droits », maugrée cette propriétaire, qui pointe
au chômage. Dans sa besace, elle, son mari et un personnel formé depuis quelques années.
« Je dois continuer à payer les frais fixes pour une entreprise morte », résume la propriétaire d’un magasin. « Le pire, c’est qu’on ne sait pas quand cela va finir », ajoute-t-elle en « off » elle aussi. « Le chantier pose des problèmes. Surtout pour la rentrée de matériel et le
recouvrement », explique une jeune femme, qui travaille pour une entreprise offrant des services dans le secteur de l’énergie électrique. « La fréquentation a certainement diminué », ajoute-t-elle, pas moins remontée contre la façon de procéder de l’entreprise qui exécute ces travaux.
La reconstruction du parc Sainte-Thérèse est une bonne chose pour la communauté. Mais la façon de procéder dans le non-respect total des droits des entreprises de cette rue est un véritable scandale, s’indigne un homme dans la trentaine, lui aussi en « off » par crainte de représailles, souligne-t-il. « Ce n’est pas possible dans un pays qu’on veut ouvrir aux affaires de condamner à la fermeture des entreprises qui emploient des gens et paient leurs taxes à la mairie ainsi qu’à la DGI », s’insurge cet homme.
Le chantier, en milieu de journée, était tranquille. Le tracteur était à l’arrêt, comme des ouvriers qui n’avaient pas à craindre des coups de soleil, car le ciel avait tissé une couverture en laine depuis au moins quarante heures… (lenouvelliste.com)