Haïti-Justice: Nouveau rebondissement dans le dossier de Marie Danielle Bernadin contre Josué Pierre-Louis
Marie Danielle Bernadin, l’accusatrice de crime de viol (sur sa personne) par le président du conseil électoral contesté, Josué Pierre-Louis, a fait appel, le lundi 11 février 2013, d-une ordonnance de non-lieu du juge Merlan Belabre en date du mercredi 6 février.
C’est par mandat qu’elle a posé cet acte, apprend AlterPresse.
« Si elle fait appel, c’est qu’elle revient sur son désistement. En fait, la justice n’est aucunement liée à un quelconque accord trouvé entre les parties », indique l’avocat André Michel, précisant qu’il n’est plus le défenseur de Bernadin depuis son désistement le 27 janvier 2013.
Contacté par AlterPresse, Reynold Georges, avocat de l’accusé Pierre-Louis, dit n’avoir pas encore été signifié de cet acte juridique de l’accusatrice.
Mais, cela ne lui empêche pas d’annoncer déjà qu’il va poursuivre la jeune femme et la « faire regretter ce revirement ».
« Certes, l’acte authentique de désistement de Mademoiselle Bernadin n’est pas une décision de justice. Mais, la justice doit en tenir compte », continue le défenseur de Pierre-Louis.
Dans une lettre publique, datée du 28 janvier 2013, l’accusatrice de Josué Pierre-Louis avait décidé « d’abandonner les poursuites », tout en réaffirmant qu’elle a été bastonnée puis violée par Josué Pierre-Louis, très proche du pouvoir Martelly.
Le réseau national de défense des droits humains (Rnddh) tient à ce que la lumière soit faite au niveau pénal, en dépit de la décision de Bernadin de laisser tomber la réparation civile.
« La justice a pour devoir d’établir la vérité », estime Marie Yolène Gilles du Rnddh.
Cet appel contre l’ordonnance du magistrat Belabre redonnerait « une virginité » au dossier et « l’enquête doit être reprise à zéro », explique une source judiciaire à AlterPresse.
De la légalité de l’ordonnance du juge
« Avant de faire quoi que ce soit dans ce dossier, le juge devrait attendre l’arrêt de la cour de Cassation sur la récusation produite par la plaignante » argue l’ancien avocat de Bernadin, André Michel.
Reynold Georges n’est pas du tout de cet avis, puisque, selon lui, le désistement du 27 janvier 2013 signifie que l’accusatrice de Josué Pierre-Louis renonce à la récusation également.
Marie Danielle Bernadin a adressé une demande de déport, le 23 janvier 2013, au magistrat instructeur Merlan Belabre.
Le 25 janvier 2013, la plaignante a initié une action en récusation pour « défaut d’impartialité et suspicion légitime » contre le juge.
« Se déporter d’une enquête est une décision personnelle du juge. Tant que la cour n’aura pas statué, le juge a toute la latitude de continuer à instruire », rétorque Reynold Georges.
André Michel indique qu’il y a jurisprudence sur la question.
Le Rnddh, quant à lui, y voit « la main manipulatrice et toute-puissante de Josué Pierre-Louis dans la dictée de l’ordonnance ».
« Par cette ordonnance, le juge Belabre vient de montrer à la société haïtienne qu’il avait de grands intérêts dans ce dossier. C’est un magistrat qui ne se respecte pas », souligne Gilles.
Où est Marie Danielle Bernadin ?
Le fait que la jeune femme a donné mandat à une autre personne, pour faire appel de l’ordonnance, éveillerait quelques soupçons relatifs à sa présence physique en Haïti.
Selon certaines sources, Bernadin aurait laissé le pays le weekend dernier [vendredi 8 et samedi 9 février 2013] pour la Floride aux États-Unis d’Amérique.
Elle serait à la recherche d’un statut d’asilée politique pour menaces et persécutions politiques, selon des sources concordantes.
Appel de l’ordonnance de non-lieu du juge Belabre, d’une part, quête d’asile politique pour menaces et persécutions politiques, d’autre part : on nage dans le flou.
Quel sera le nouvel épisode dans ce dossier ? Rebondissement ou faux bond ?
Que doivent comprendre les femmes victimes de viol dans la situation actuelle ?