Haïti/Culture-Le Cap-Haitien : hôte du Carnaval national 2013
De tout temps, le carnaval a toujours été un des plus grands évènements culturels à travers le monde. C’est la fête du Mardi Gras, c’est-à-dire que le dernier Mardi précédant le Mercredi des Cendres, marquant le commencement du Carême, on peut manger gras : beignets, viande de bœuf, jambon, tassots, grillots, lard, acras croustillants, marinades, béga (janjol), afriba, beurre, etc. Le carnaval est une manifestation culturelle dont le déroulement est étroitement lié à la saison pascale. C’est la raison qui explique que les dates du déroulement de cette grande fête culturelle varient chaque année.
Un vrai challenge pour le Cap-Haitien
Aujourd’hui, on fait des extrapolations culturelles. Vraiment, Port-au-Prince n’est pas la République d’Haïti et elle ne peut être vue comme seule dépositaire de l’héritage culturel haïtien. Il faut reconnaître que nos villes de province sont aussi culturellement et historiquement riches que la capitale. Le carnaval de Port-au-Prince change de siège encore cette année, comme ce fut le cas l’an dernier pour la ville des Cayes. Le Carnaval 2013 se déroulera les 10, 11 et 12 février au Cap-Haitien. Pour les Capois, le choix de leur ville pour la tenue du Carnaval signifie un changement de format de cette fête traditionnelle en manifestation nationale puisque cette ville historique célèbre toujours le Mardi Gras en offrant un défilé carnavalesque riche culturellement.
On ne peut parler de Cap-Haitien sans mentionner ces deux grands et vrais ténors de la musique haïtienne : Les Orchestres Septentrional et Tropicana. Ils font la fierté non seulement des Capois mais aussi de tous les Haïtiens. Ces deux formations musicales du Nord vont encore prouver leur grandeur et confirmer leur professionnalisme en matière de musique, à travers leurs meringues carnavalesques. Septen et Tropic peuvent mettre les orchestres de petit format dans leurs petits souliers au cours du carnaval, si ces derniers se présentent avec un son fait de peigne recouvert de papier fin. La boîte à musique japonaise a ses limites.
Personne n’ignore les possibilités artistiques des gens du Grand Nord, particulièrement du Cap-Haitien. Je ne saurais minimiser, ni dévaluer leur volonté, leur solidarité et leur sens organisationnel d’évènements culturels. Ils gagneront le pari, si toutes les conditions sont réunies et les mesures nécessaires prises à temps. D’ailleurs, les orchestres les mieux organisés et les plus populaires de l’industrie musicale haïtienne sont de cette région du pays. Un vrai Haïtien doit connaître les Orchestres Septentrional et Tropicana, au moins de nom. On peut ne jamais avoir la chance de danser à leur rythme aux soirées dansantes ou assister à leurs prestations en live, mais leur musique est connue de tous.
Étant le siège du carnaval national, Cap-Haitien aura une grande et bonne occasion de partager sa richesse culturelle avec tous les Haïtiens et les touristes. Dans le cadre des logistiques à mettre en place, on doit considérer la sécurité routière et la protection des gens qui vont effectuer le trajet via Morne Pilboro, une voie réputée très dangereuse. Il serait nécessaire aussi d’interdire la consommation d’alcool aux chauffeurs. Prudence l’exige ! L’alcool et le volant ne s’accordent pas.
Ensemble, on va chanter, danser et s’amuser sous le signe de la fraternité et de l’union. Cependant, il faut noter une certaine inquiétude. À trois semaines du carnaval, la situation paraissait encore nébuleuse et inquiétante. L’ancien Ministre de la Culture avait exposé la vérité autour de l’état de compte de son ministère, en ce qui a trait au décaissement de fonds pour la réalisation de ce carnaval 2013 au Cap-Haitien. On dit souvent que « grès kochon ka p kwit kochon ». Et si le cochon est maigre-« kochon an pa gra » ? Dans un tel cas, le support des commerçants et du secteur privé devient donc impératif. Le Cap-Haitien fait réellement face à un grand défi puisque c’est sa première expérience en matière de Carnaval national, où les gens viendront de toutes les villes du pays et de l’étranger. Je suis certain que le Cap-Haitien va gagner le pari comme Jacmel et Les Cayes l’avaient fait en 2012.
Dans les pays organisés, on planifie de telles festivités un an à l’avance et on évalue d’abord la capacité d’accueil et d’absorption des villes où doivent se dérouler de telles manifestations culturelles, « pi bonè se gran m maten ». Puis, on conduit une étude infrastructurelle et on procède à l’évaluation méticuleuse de l’état des lieux pour s’assurer que l’espace réservé à accueillir le défilé carnavalesque est capable d’absorber des millions de participants qui venus des quatre coins du monde, particulièrement de la diaspora. Il faut aussi qu’on mette en place un dispositif de sécurité capable de contrôler la grande foule sans excès de force. Nous parlons ici de millions de gens / de participants. Des centres hospitaliers mobiles doivent être aussi placés le long des artères où se déroulera le défilé carnavalesque.
Je souhaite donc du succès à tous les organisateurs de cette grande manifestation culturelle nationale.