Haïti/Économie: Situation de l’économie haïtienne en 2012..peut-on être optimiste pour 2013..?
Comme beaucoup de secteurs l’attendaient, l’Institut Haïtien de Statistiques et d’Informatique (IHSI) a publié ses dernières estimations préliminaires à travers les comptes économiques en 2012 qui présentent globalement le produit intérieur brut (PIB) d’Haïti par secteur d’activité. En effet, le taux de croissance économique calculé par l’IHSI, à travers les différentes branches d’activités de l’économie, n’est pas loin de celui qui avait été révélé par le FMI et la CEPAL. Selon l’IHSI le taux de croissance de l’économie haïtienne pour l’exercice 2011-2012 serait de 2.8% contre 2.5% révélé par la Commission Economique pour l’Amérique Latine et la Caraïbe (CEPAL) et le FMI.
Ce taux de croissance de 2.8% estimé par l’IHSI pour 2012 ne reflète pas vraiment la réalité pour certain, mais en tout état de cause, il vient renforcer les analyses selon lesquelles l’économie haïtienne a été moins performante en 2012, nonobstant la croissance légère ou modérée de toutes les branches d’activité de l’économie, hormis la branche agriculture, Sylviculture, Pêche et Elevage qui a chuté en 2012 de plus de 2% et celle de l’Industrie extractive qui a stagné.
Selon les experts de l’IHSI, et comme plusieurs secteurs l’admettent, il y a un ensemble de facteurs qui explique cette contraction de l’économie haïtienne en 2012 par rapport à 2011 : le retard enregistré dans le démarrage effectif des grands travaux de reconstruction, la sécheresse à la fois rude et longue qu’a connue l’économie haïtienne pendant l’exercice et le passage de la tempête dévastatrice Isaac. Il faut ajouter évidemment les différentes crises politiques au cours de l’exercice qui ont affecté la croissance, empêchant au gouvernement de mieux structurer ses politiques publiques et de jouer son rôle régulateur au niveau des différents secteurs de l’économie.
Lorsqu’on prend le PIB par branches d’activité, il faut dire que le secteur des services, représentant environ 27% du PIB, reste le plus important pour l’économie haïtienne. Cette branche d’activité, comprenant le Commerce, les Restaurants et Hôtels, a cru de 3.7% passant de 3.766 milliards de gourdes en 2011 à 3.906 milliards en 2012. Vient ensuite la branche ‘’Agriculture Sylviculture, Pêche et Elevage’’ (22% du PIB) qui a chuté en 2012 de 2.2%, passant de 3.326 milliards de gourdes en 2011 à 3.253 milliards de gourdes. La branche ‘’Transports et Communications’’ (7.5% du PIB) a cru de 4.5% en 2012, passant de 1.034 milliards de gourdes en 2011 à 1.085 milliards de gourdes en 2012. La branche d’activité ‘’Bâtiment et Travaux publics’’ (9% du PIB) a cru de 5%, passant de 1.274 milliards de gourdes en 2011 à 1.342 milliards de gourdes en 2012. Les industries manufacturières (0.8% du PIB) a cru de 7%, passant de 1.074 milliards de gourdes en 2011 à 1.150 milliards de gourdes en 2012. La branche ‘’Industries extractives’’, où se trouve le secteur minier, n’a pas cru en 2012 et reste avec 18 millions de gourdes de valeur ajouté, soit la plus faible au niveau du PIB national. Enfin, les efforts ou les réformes au niveau de l’Electricité d’Haïti (EDH) a permis à la branche ‘’Electricité et Eau’’ de croitre d’environ 15%, passant de 88 millions de gourdes en 2011 à 102 millions en 2012.
A part de l’agriculture et du secteur minier, toutes les branches d’activité de l’économie ont cru en 2012, mais ces croissances ne sont pas aussi importantes qu’elles étaient en 2011.
Du côté de l’offre et de la demande globales, il y a lieu de souligner certaine performance :les exportations ont cru d’environ 7%, passant de 40.693 milliards de gourdes en 2011 à 43.516 milliards de gourdes en 2012 et l’investissement de 10.6%, accusant environ 95 milliards de gourdes en 2012 contre environ 86 milliards en 2011. La consommation a augmenté de 3%, alors que les importations ont chuté de 5.4% avec 157.949 milliards de gourdes en 2012 contre 167.122 milliards en 2011.
Il devient de plus en plus difficile d’être optimiste sur les perspectives économiques pour l’exercice 2012-2013, dont le premier trimestre est déjà écoulé. Il y a beaucoup de mauvais signaux tant internes qu’externes qui risquent de peser lourd sur les activités économiques en perspectives et globalement sur le PIB d’Haïti qui devrait croitre de 6% en 2013 selon les dernières prévisions du gouvernement. Si les règles du jeu économique ne changent pas dans ce pays avec un minimum de stabilité et beaucoup plus de sérieux dans la gestion du pays, le taux de croissance pour 2013 risque bien d’être inférieur aux 2.8% estimé par l’IHSI pour cette triste année 2012.
Riphard Serent
Vision 2000