Monde/Météorologie : 2012, l’année des extrêmes climatiques, selon l’ONU
Des phénomènes extrêmes sont survenus partout dans le monde en 2012, en particulier dans l’hémisphère nord, entraînant de très nombreux records de chaleur, une fonte record de la banquise arctique et des périodes de froid extrême, a indiqué l’Organisation météorologique mondiale (OMM), mercredi 28 novembre.
Si l’année 2012 a débuté par un épisode la Niña d’intensité faible à modérée, qui a pour conséquence de refroidir le climat, avec des températures allant jusqu’à -50 °C en Russie, depuis avril « la température moyenne à la surface des terres et des océans a continué d’augmenter mois après mois », soulignent ainsi les experts de l’agence spécialisée de l’ONU dans leur déclaration annuelle sur le climat.
Le niveau des mers augmente plus vite que l’ONU ne le prévoyait
Le niveau des mers augmente beaucoup plus vite que ne le prévoyaient les projections des Nations unies, soulignent des chercheurs dans une étude rendue publique mercredi 28 novembre dans le cadre de la conférence de Doha sur le changement climatique.
Cette étude – qui compare les projections de l’ONU à ce qui est réellement survenu pour la période couvrant le début des années 1990 à 2011 – indique que la montée du niveau des mers entre les deux dates a été de 3,2 mm par an selon les données relevées par satellite, soit 60 % fois plus que les 2 mm par an anticipés par le Groupement d’experts intergouvernemental sur l’évolution duclimat (GIEC).
DE 0,50 À 1 MÈTRE
Les auteurs, originaires d’Allemagne, de France et des Etats-Unis, en déduisent que les projections du GIEC pour les années à venir pourraient également être inexactes. Dans son dernier rapport, en 2007, le GIEC estimait que le niveau des mers pourrait monter de 18 à 59 cm au cours du XXIe siècle, un calcul qui ne prend pas en compte une possible accélération de la fonte de la banquise. Au cours du XXe siècle, les océans sont montés de 17 cm.
Le principal auteur de l’étude, Stefan Rahmstorf, de l’institut de Potsdam sur le climat, prévoit lui de 50 cm à un mètre pour le siècle en cours, en fonction du taux d’émission de gaz à effet de serre. « Les auteurs soulignent ce que beaucoup d’entre nous pensent depuis un moment – le GIEC est loin d’avoir été alarmiste dans ses projections », a déclaré le Pr Brian Hoskins, directeur de l’Institut Grantham sur le changement climatique, à l’Imperial College de Londres.
Environ deux cents délégations sont réunies à Doha jusqu’au 7 décembre pour la 18e conférence de l’ONU sur le climat.
UNE « CONTRADICTION DRAMATIQUE »
Il y a une « contradiction dramatique » entre la réalité du changement climatique, « qui s’aggrave », et « la disponibilité extrêmement faible » d’un « certain nombres de grands pays » à agir, a déclaré mercredi le ministre des affaires étrangèresfrançais, Laurent Fabius. Le rôle de la France, a ajouté M. Fabius, est « d’essayerde réduire ce fossé ». Le ministre se rendra à la conférence annuelle de l’ONU sur le changement climatique la semaine prochaine.
Plus de cent quatre-vingt-dix pays sont réunis du 26 novembre au 7 décembre à Doha dans le cadre de la 18e Conference of the Parties (COP 18) sur le changement climatique, notamment pour trouver un accord sur une seconde période du protocole de Kyoto, après la première, qui expire à la fin de décembre.Paris est candidat pour accueillir la conférence de l’ONU sur le climat en 2015, date à laquelle doit être conclu le futur accord global, embarquant cette fois les grands pollueurs que sont les Etats-Unis et la Chine, pour tenter de contenir à +2 °C le réchauffement global de la planète.
Climat : les négociations entrent dans le vif du sujet
Les négociations de Doha sur la lutte contre le changement climatique sont entrées mardi 27 novembre dans le vif du sujet sur l’acte II du protocole de Kyoto, dossier crucial pour la réussite de la conférence de l’ONU.
« Depuis sept ans », les pays industrialisés « parlent et parlent et parlent », a lancéMarlene Moses, représentante de l’Alliance des petits Etats insulaires (Aosis, 44 membres), particulièrement vulnérables au changement climatique. « Mais il arrive un moment où il faut faire le travail. Et ce moment est arrivé », a-t-elle ajouté, lors d’un discours durant la plénière lançant les travaux sur le protocole de Kyoto, au lendemain de l’ouverture de la conférence qui doit s’achever le 7 décembre.
RÉGLER LES QUESTIONS ÉPINEUSES
Signé en 1997, le protocole de Kyoto est le seul traité légalement contraignant fixant des objectifs chiffrés de réduction d’émissions de gaz à effet de serre (GES) aux pays industrialisés, à l’exception notable des Etats-Unis qui ne l’ont pas ratifié.
En Afrique du sud fin 2011, la communauté internationale s’est engagée sur le principe d’une seconde période d’engagement du protocole, après l’expiration de la première fin 2012. A Doha, il faut désormais régler des questions épineuses : la durée de cette seconde période, le niveau de réduction des émissions de GES…
Parvenir à un accord sur Kyoto 2 est « essentiel pour une réussite de la conférence de Doha », a relevé pour sa part le représentant australien. Les pays en développement tiennent particulièrement à cet acte II de Kyoto, « au nom de la responsabilité historique » des pays du Nord dans le dérèglement climatique, a rappelé mardi la représentante de la délégation chinoise.
« DÉSASTRE AUX PROPORTIONS GIGANTESQUES »
Mais Kyoto 2 ne devrait plus porter que sur 15 % des émissions de GES globales, celles de l’Union européenne et l’Australie, puisque le Canada a quitté le protocole et que la Russie et le Japon ne veulent pas signer pour une deuxième période. Les pays du Sud estiment que les engagements posés sur la table par les principaux acteurs de Kyoto 2 ne sont pas suffisants, mais l’UE reste ferme sur son objectif de réduction de 20 % d’ici à 2020, sauf si d’autres grandes économies revoient à la hausse leurs objectifs.
Egrenant la liste des effets du changement climatique déjà visibles, la représentante des Aosis a mis en garde les pays du Nord : « Nous faisons face à un désastre aux proportions gigantesques, imputable à nos propres actions ».« Nous ne pouvons plus prétendre qu’il n’est pas de notre responsabilité de prendredes mesures et de le faire de manière urgente », a-t-elle ajouté, enjoignant les pays industrialisés à « présenter des objectifs de réduction de GES bien plus ambitieux ».
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