Lévi-Strauss disparaît à 100 ans
L’anthropologue, né en Belgique, avait été révélé par « Tristes Tropiques », une œuvre écrite comme un roman à son retour d’Amazonie.
Il allait fêter son 101e anniversaire. L’Académie française a confirmé mardi à Europe 1 la disparition en fin de semaine dernière de l’anthropologue Claude Lévi-Strauss. Ses obsèques ont déjà eu lieu, dans la plus grande discrétion, à Lignerolles en Côte d’Or. L’Académie française lui rendra un hommage privé jeudi, lors de sa séance hebdomadaire. L’oeuvre de Claude Lévi-Strauss avait été célébrée il y a un an presque jour pour jour, notamment à l’Académie française dont il avait été le premier anthropologue à en devenir membre en 1973, ainsi qu’au musée du quai Branly.
Une vie à travers le monde. Claude Lévi-Strauss est né « par hasard » à Bruxelles le 28 novembre 1908 de parents juifs alsaciens. Agrégé de philosophie, il n’enseigne en France que pendant deux ans, avant de rejoindre en 1935 l’université de Sao-Paulo au Brésil. L’occasion pour lui de conduire ses premières missions ethnographiques. De retour en France en 1939, il est mobilisé puis, l’année suivante, révoqué par Vichy en raison de ses origines juives. Il se réfugie ensuite aux Etats-Unis avant de revenir en France après la Seconde guerre mondiale. En 1959, il devient professeur au Collège de France.
Sa principale œuvre. C’est « Tristes Tropiques », publié en 1955, qui a fait connaître Claude Lévi-Strauss au grand public. Après ses expéditions au Mato Grosso au Brésil et en Amazonie, il rédige un récit de voyages à la première personne qui permettra de découvrir son travail au-delà de la seule communauté scientifique.
Anthropologie ou ethnologie ? L’anthropologie est « l’ensemble des sciences qui étudient l’homme », rappelle Le Petit Robert. « L’anthropologie cherche à élaborer la science sociale de l’observé », disait Claude Lévi-Strauss. A l’intérieur de l’anthropologie, l’ethnologie tient plus précisément à l’étude descriptive des ethnies, un groupe humain caractérisé par sa langue et sa culture.
Son héritage intellectuel. Claude Lévi-Strauss a jeté les bases de l’anthropologie moderne. Il est notamment considéré comme le fondateur du courant structuraliste, une pensée héritée des sciences du langage qu’il a transposée à l’anthropologie. Dans une interview accordée à Bernard Pivot, en 1984, il expliquait que c’était « un mot qui avait été mis un peu à toutes les sauces » alors qu’il ne s’agissait que d’un « effort pour introduire dans les sciences de l’homme un petit peu plus de rigueur ». « Une vie ne serait pas suffisante pour décrire une heure de la vie d’une société humaine de 50 personnes », reconnaissait Claude Lévi-Strauss. Il proposait alors d’essayer de « comprendre les différences » entre les sociétés car « si chacune de ces sociétés prises à part est très compliquée, en réalité la différence entre elles peut être plus simple ». Le structuralisme est ainsi une lunette qui voit le monde à travers les relations entre ses différents éléments.
Source: Europe 1