Apple se remet à rémunérer ses actionnaires, pour la 1e fois depuis 1995…
Apple, l’une des entreprises les plus riches au monde, a annoncé lundi son intention de verser des dividendes à ses actionnaires pour la première fois depuis 1995, renouant avec une pratique récusée par son fondateur, Steve Jobs, décédé il y a cinq mois.
Au total, le groupe californien prévoit de dépenser 45 milliards de dollars sur trois ans, dont environ 10 milliards par an en dividendes et 10 milliards sous la forme de rachats d’actions.
Comme l’a souligné la direction, cela laisse une marge confortable pour faire tourner l’entreprise, qui avait environ 98 milliards de dollars de liquidités à la fin 2011 et en génère encore beaucoup: 16 milliards de dollars de flux de trésorerie pour la période octobre-décembre 2011.
« Même avec (les dividendes et rachats d’actions), nous pouvons garder un trésor de guerre pour des opportunités stratégiques et nous avons plein de liquidités pour mener nos affaires », a souligné le directeur général Tim Cook.
Cette annonce du groupe à la pomme croquée intervient trois jours après le lancement de la dernière version de la tablette iPad.
Apple a annoncé qu’il avait déjà vendu trois millions d’exemplaires du nouvel iPad, son premier modèle de tablette à sortir simultanément dans 10 pays.
M. Cook a souligné « qu’avec le lancement du nouvel iPad, (le marché des tablettes) ne cesse de s’améliorer ».
Plus généralement, M. Cook a justifié la dépense en dividendes et rachats d’actions par son optimisme. « Nous participons à un marché très vaste et en croissance », a-t-il souligné, et « nous innovons à un rythme phénoménal ».
« Nous ne voyons pas de limites à nos possibilités » de croissance, a-t-il encore lancé.
De nombreux groupes technologiques ont pour politique de ne pas verser de dividende, jugeant préférable de préserver leur capacité financière dans un secteur qui doit être en mesure de constamment innover.
Cependant, plusieurs poids-lourds du secteur en versent déjà, y compris Microsoft, le géant des microprocesseurs Intel ou encore l’éditeur de logiciels professionnels Oracle, seulement depuis 2009.
De plus en plus d’analystes et d’actionnaires estimaient qu’Apple devait commencer à rémunérer ses actionnaires, vu qu’il est maintenant l’une des toutes premières capitalisations boursières du monde.
Les analystes de FBN Securities notaient que les dividendes, à hauteur de 10,6 dollars par an, restaient encore relativement modestes, puisque de fait Apple avait fini l’année 2011 avec quelque 104 dollars de liquidités par action.
« Nous pensons que c’est une première étape et que cela pourrait être considérablement amplifié à l’avenir », notaient-ils.
Chez Jefferies, Peter Misek a estimé que cette initiative rendait « une acquisition majeure moins probable ».
« Par le passé Steve Jobs disait que la raison pour ne pas rémunérer les actionnaire était le désir d’avoir la flexibilité de faire une acquisition stratégique majeure », écrivait M. Misek, pour qui « le fait que cette perspective s’éloigne devrait être considéré positivement, même si Apple garde assez de cash aux Etats-Unis pour des acquisitions plus petites ».
Dimanche, certains avaient spéculé sur un investissement d’Apple dans le site de microblogs Twitter, particulièrement bien intégré dans ses systèmes d’exploitation pour ordinateurs et appareils portables.
Tim Cook, de son côté, a souligné que les dépenses en faveur des actionnaires « ne ferment aucune porte ». « L’innovation est l’objectif le plus important pour Apple, et nous ne perdrons pas cela de vue », a-t-il dit.
A la différence d’autres groupes technologiques, Apple avait déjà versé des dividendes par le passé, mais cela remontait à une période où Steve Jobs n’y travaillait pas, entre 1987 et 1995.
L’action a pris 2,65% à 601,10 dollars, terminant la séance au delà des 600 dollars pour la première fois.
Image & recherches / yahoosciences.fr