Le Maec et le Garr jugent « discriminatoire » et « raciste » la décision de déportation massive des migrants-e-s haïtiens

La déportation massive de sans papiers (10,000 personnes chaque semaine) des migrantes et migrants haïtiens, par les autorités de la République Dominicaine, constitue une décision « discriminatoire » et « raciste », dénoncent le Ministère des affaires étrangères et des cultes (Maec) et la plateforme Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Garr), dans des positions séparées dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

Dans une note, rendue publique ce jeudi 3 octobre 2024, le Maec déclare prendre acte de l’annonce, faite le 2 octobre 2024 par les autorités dominicaines, concernant une série de mesures à caractère discriminatoire prévoyant la déportation massive de 10 mille ressortissantes et ressortissants haïtiens par semaine.

Il appelle au respect des droits inaliénables de chaque enfant, de chaque femme et de chaque homme, visés par cette regrettable décision, conformément aux traités et accords internationaux régissant la matière.

Le Maec annonce une accélération du renforcement des capacités de sa mission diplomatique et de ses postes consulaires, « afin d’assister dignement nos concitoyen-ne-s en République Dominicaine ».

Le Ministère des affaires étrangères et des cultes prévoit de se réunir avec des organisations de la société civile et des agences internationales, agissant sur la zone frontalière, afin de définir une stratégie d’accompagnement des personnes concernées.

Présidé par le président de la République Dominicaine, Luis Abinader, le Conseil national de sécurité et de défense a approuvé, le mercredi 02 octobre 2024, une opération, visant à rapatrier jusqu’à 10 mille migrantes et migrants haïtiens par semaine.

Cette opération viserait, selon les autorités dominicaines, à réduire la population migrante excédentaire, qui est perçue dans les communautés dominicaines.

Cette opération de rapatriements massifs sera menée selon des protocoles stricts, qui garantissent le respect des droits humains et de la dignité des personnes rapatriées, promet le gouvernement de la République Dominicaine.

C’est ce qu’a déclaré le porte-parole de la présidence dominicaine et directeur de la stratégie et de la communication, Homero Figueroa, lors d’une conférence de presse, à l’issue de la réunion du Conseil national de sécurité et de défense, sur la migration de sans papiers en provenance d’Haïti.

Réagissant, sur AlterPresse / AlterRadio, à la décision de déportation massive des Haïtiennes et Haïtiens par les autorités dominicaines, le responsable de communication et plaidoyer du Garr, Sam Guillaume, anticipe une catastrophe.

Ces opérations de rapatriement entraîneraient de graves conséquences sur les migrantes et migrants haïtiens, mais aussi sur les zones frontalières avec la République dominicaine, avertit la plateforme Garr.

C’est du 2 au 8 octobre 1937 qu’a été perpétré, en République Dominicaine, le massacre des Haïtiennes et Haïtiens de 1937, aussi connu sous le nom de massacre du Persil – qui a fait 20 mille morts -, après la décision du président dominicain, Rafael Leónidas Trujillo Molina, d’éliminer physiquement les Haïtiens travaillant dans les plantations du pays voisin d’Haïti.

Multiplication des persécutions et autres actes de violations des droits humains contre les Haïtiennes et Haïtiens en territoire dominicain

Les persécutions contre les Haïtiennes et Haïtiens risquent d’augmenter en territoire dominicain. Les cas regrettables, comme les assassinats, les lynchages et autres, vont être multipliés, alerte la plateforme Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés.

Depuis la fermeture, le vendredi 15 septembre 2023, par les autorités dominicaines, de la frontière haïtienne-dominicaine, en signe de protestation contre la poursuite des travaux de construction à Ouanaminthe (Nord-Est d’Haïti) d’un canal sur la rivière Massacre, les déportations d’Haïtiennes et d’Haïtiens ont considérablement augmenté.

Les chiffres sont vraiment alarmants, relève la plateforme Garr.

« Chaque mois, 20 mille Haïtiennes et Haïtiens sont rapatriés par les autorités dominicaines vers Haïti. 25 mille personnes ont été rapatriées pour le mois de juillet 2024 et 23 mille autres pour le mois d’août 2024 ».

40 mille personnes encourent le risque d’être rapatriées par mois, avec cette mesure qui ciblera indistinctement toutes les Haïtiennes et tous les Haïtiens, prévient lma plateforme Garr.

Comme explications, la plateforme Garr évoque l’impossibilité pour les migrantes et migrants haïtiens de renouveler, depuis quelques temps, leurs visas dominicains.

Les ressortissantes et ressortissants haïtiens pourraient perdre tous leurs biens, quel que soit leur statut, met en garde la plateforme Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés, qui exhorte l’État haïtien à mettre en place des structures devant accueillir, en toute dignité, les personnes rapatriées en Haïti.

Y a-t-il un rapport avec la campagne Alo Enfo, annoncée le 17 septembre 2024 par l’Oim ?

L’Organisation internationale pour les migrations (Oim) a annoncé, le mardi 17 septembre 2024, le lancement d’une campagne, baptisée Alo Enfo, pour renforcer l’accès des migrantes et migrants haïtiens aux documents essentiels d’identité et de voyage, dans une note.

« Cette campagne vise à sensibiliser les migrant-e-s sur les informations dont (elles et) ils ont besoin pour obtenir leurs documents d’identité, qui sont cruciaux pour leur sécurité et leurs droits », a expliqué Grégoire Goodstein, chef de l’Oim en Haïti

 

 

 

Source: APR

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