La République Dominicaine ne cherche pas la confrontation avec Haïti

Dimanche soir dans un court discours télévisé, le Président de la République Dominicaine, Luis Abinader, a défendu sa décision de fermer totalement les frontières terrestres, aériennes et maritimes avec Haïti dans le cadre de son différend concernant la construction d’un canal d’irrigation en Haïti avec une prise d’eau sur la rivière Massacre qui coule entre les deux Nations.

Abinader a déclaré que la fermeture des frontières quia été mise en place depuis vendredi 16 septembre à 6h00 a.m. se poursuivra jusqu’à ce que la construction de ce canal soit suspendue.

« Nous ne souhaitons ni ne cherchons la confrontation, mais nous sommes confrontés à des personnes incontrôlables qui entretiennent l’insécurité en Haïti et qui, en raison de leurs intérêts privés, conspirent désormais également contre la stabilité de leur gouvernement et la sécurité de nos ressources en eau »

« […] Il ne s’agit pas d’un conflit entre deux peuples, car ni le peuple dominicain ni le peuple haïtien ne veulent la confrontation.

« […] Le précédent d’un projet d’irrigation construit unilatéralement<.B> peut conduire à une escalade des constructions qui détruiraient le fleuve » a souligné Abinader

« […] Nous avons compris la nécessité de réagir avec force en légitime défense contre les groupes incontrôlables qui n’obéissent pas à l’ordre constitutionnel haïtien et ne reconnaissent pas les accords bilatéraux.

« […] Pourquoi avons-nous agi ? Pour éviter que nos rivières ne s’assèchent, que nos forêts ne soient abattues ou que notre faune disparaisse.

« […] Notre objectif est d’assurer la sécurité et l’intérêt national, ainsi que de protéger nos rivières, notre environnement et notre production agricole. »

L’on pourrait croire que la République dominicaine refuse tout partage d’eau, pourtant à la lecture l’histoire, il semble plutôt que ce soit davantage la forme que le fond qui soit en cause.

Rappelons qu’en 1978 Haïti et la RD, dans une recherche d’avantages mutuels, les ministres des Affaires étrangères Ramón Emilio Jiménez Jr. (RD) et Edner Brutus (Haïti). sont parvenus à un consensus et signé un accord pour la construction d’un « barrage de dérivation international » sur la rivière Pedernales.

Celui-ci visait une répartition égale des eaux afin que les habitants de la région de Pedernales et de la commune haïtienne d’Anse-Á-Pitre, limitrophe du territoire dominicain, puissent profiter de la ressource de manière équitable, et ce jusqu’à nos jours.

C’est ainsi que la rivière Pedernales a été divisée par ce barrage qui, selon ce qui a été établi, fournit 0,25 mètre cube par seconde du débit dérivé pour chaque pays.

L’emplacement de cette infrastructure, a été déterminé précisément par la Commission bilatérale Mixte de supervision ». Les travaux ont été financés par les deux gouvernements chacune contribuant à hauteur de 50 % du coût total.

Le 30 novembre 1979, après un accord bilatéral, les présidents des deux pays (Antonio Guzmán et Jean Claude Duvalier) se sont rencontrés pour inaugurer les travaux sur un affluent frontalier, similaire à celui actuellement en conflit…

Soulignons que le 14 avril 2023, la Commission mixte bilatérale dominicano-haïtienne a rendu compte de l’étude d’un projet d’adaptation de la rivière Pedernales et du nettoyage de son barrage de dérivation dans le but d’augmenter la capacité de conduite d’eau à travers le canal de la rivière Pedernales.

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