Le Chancelier Jean Victor Généus appelle à agir vite avant qu’il ne soit trop tard…
Mercredi 26 avril 2023, devant le Conseil de Sécurité des Nations Unies consacré à la crise en Haïti, Jean Victor Généus, le Ministre haïtien des Affaires Étrangère a fait état d’une détérioration considérable de la situation sécuritaire ces dernières 48 heures. Les scènes « épouvantables » de violence enregistrées dans les rues de la capitale Port-au-Prince traduisent, selon lui, « la colère extrême d’un peuple qui ne veut plus accepter de subir passivement la violence des gangs » . Face à ce « spectre effrayant », il a appelé à « agir vite avant qu’il ne soit trop tard ».
Le Ministre a rappelé que son Gouvernement a fait sien l’appel du Secrétaire général en faveur du déploiement urgent d’une force armée spécialisée internationale.Associé au soutien stratégique et consultatif du BINUH pour renforcer les capacités de la police, le déploiement d’une telle force reste essentiel pour aider les autorités nationales à endiguer la violence et les violations des droits humains, à rétablir l’état de droit et à créer des conditions propices à la tenue d’élections crédibles, a-t-il plaidé.
Dénonçant les différentes exactions qui constituent le « mode opératoire » des gangs criminels dans le pays, le Ministre a averti que ces actes terrifiants affectent également les États voisins et ceux de la région, notamment sur le plan migratoire. « Haïti est en danger et a besoin de l’aide d’urgence de la grande famille des Nations Unies pour sortir de cette zone de turbulence », a-t-il ajouté, affirmant attendre la concrétisation des promesses de coopération faites au Gouvernement haïtien. Aussi importantes soient-elles, elles ne suffiront toutefois pas à répondre à la réalité actuelle, a prévenu Généus, pour qui l’emploi de la force, comme « première étape », est indispensable pour vaincre les gangs et rétablir l’ordre.
L’utilisation de cette « violence légitime » ne suffira pourtant pas, à elle seule, à résoudre le problème, a poursuivi le Ministre, qui a appelé à prendre en compte le développement socioéconomique pour s’attaquer durablement à l’extrême pauvreté, « source de tous les maux ». Il a expliqué cette dernière par un « lourd héritage » résultant d’un ensemble complexe de facteurs socioéconomiques et politiques, sans oublier les épidémies et les catastrophes naturelles. Alors que l’économie nationale s’est contractée tout au long des cinq dernières années, avec un taux de croissance négatif et une inflation incontrôlable, 4,9 millions de personnes se trouvent aujourd’hui dans l’insécurité alimentaire qui a atteint un niveau record, a-t-il alerté.
Généus a noté que le fonctionnement normal des institutions démocratiques était une condition indispensable pour sortir du marasme. Il a affirmé que le Premier Ministre Daniel Henry entendait avancer « inexorablement » vers le processus de normalisation de la vie politique malgré l’énorme défi sécuritaire. Il a fait valoir que, conformément à l’accord du 21 décembre 2022 pour un consensus national, le Haut Conseil de transition avait été constitué, la Cour de cassation complétée et le cap mis sur la formation du conseil électoral provisoire, organisme indépendant chargé de la réalisation des élections.
Évoquant ensuite le régime de sanctions établi par la résolution 2653 (2022), le Ministre a félicité le Comité des sanctions pour le travail déjà accompli et a encouragé le Groupe d’experts à accélérer ses travaux afin de parvenir rapidement à la publication de la liste de tous ceux qui alimentent l’instabilité. Il a également noté que les sanctions imposées par le Canada, les États-Unis et la République Dominicaine commencent à produire des effets encourageants, même si les gangs semblent gagner en puissance.
Mais, pour rétablir l’ordre public et répondre aux grands défis socioéconomiques, le Gouvernement haïtien mise d’abord sur une aide internationale robuste à la Police nationale d’Haïti, a réaffirmé Généus, qui a lancé un appel pressant à la coopération pour aider à la sécurisation du pays et l’accompagner financièrement, à moyen et long terme.