Ariel Henry annonce une quatrième année de récession économique et des temps difficiles en perspectives

Le Premier ministre Ariel Henry, dans sa lettre de cadrage du projet de Budget 2022-2023 a indiqué que le pays connaîtra sa quatrième année consécutive de récession économique et des temps difficiles en perspectives. « En dépit du fait que les premiers mois de l’année fiscale 2021-2022 confortaient nos espoirs de la stabilisation pour renouer avec la croissance positive, Haïti va enregistrer pour la quatrième année consécutive un taux de croissance négatif, elle ne pourra donc pas sortir de la récession économique. Le taux de croissance de l’économie devra atteindre -0,4% contre une projection initiale de 0,3% », a écrit le Premier ministre Henry.

« Cette contraction de l’activité économique, a expliqué Ariel Henry, est notamment imputable aux activités grandissantes des gangs armés sur tout le territoire national, marquées par l’augmentation des cas d’enlèvements contre rançons et l’inaccessibilité à certaines zones de l’Aire Métropolitaine. De plus, en raison du contexte d’insécurité, la plupart des actions phares programmées dans le budget 2021-2022 n’ont pas pu être mises en œuvre. Cette situation va surtout impacter le secteur agricole pour lequel une forte baisse est observée sur le premier semestre. L‘évolution des activités du secteur de la construction va fortement être affectée par la situation de l’insécurité »

Des temps difficiles en perspectives

« La baisse répétée du Produit Intérieur Brut s’accompagnera également d’un niveau élevé d’inflation, ce qui contribuera à aggraver les effets au niveau social. Au mois de mai 2022, l’inflation globale a atteint 27.8%. Cette accélération observée tant sur les prix des produits importés que sur ceux des produits locaux, s’explique principalement par la hausse des cours mondiaux des produits de base, notamment celui de l’énergie, du fait de la guerre en Ukraine ainsi que la dépréciation de la gourde et la perturbation des circuits d’approvisionnement des marchés locaux. À la fin du mois de septembre 2022, l’inflation pourra atteindre 28.8%, soit 15 points au-dessus du niveau de fin septembre 2021.Au niveau des transactions avec l’extérieur, l’année 2022 aura été marquée par une baisse conjuguée : (i) des transferts privés sans contrepartie reçus de l’extérieur (chute de 25% déjà observée sur les neuf premiers mois) imputable en grande partie à la hausse de l’inflation à l’échelle mondiale, notamment aux États Unis ; (ii) des Investissements Directs Étrangers (IDE) ; et (iii) des importations », a indiqué Ariel Henry qui a esquissé le tableau des difficultés pour les finances publiques.

Grande préoccupation pour les finances publiques

« La situation des finances publiques reste des plus préoccupantes et appelle à la responsabilité de tous. Notre pays s’affiche parmi les moins performants au monde en ce qui concerne la mobilisation des recettes. Le taux de pression fiscale implicite oscille autour de 6% contre une moyenne de 23% pour la région Amérique Latine et Caraïbes. La corruption, le poids important du secteur informel, la contrebande, le retard dans la digitalisation de nos administrations fiscales et douanières, le faible niveau de civisme fiscal des contribuables sont autant de facteurs qui expliquent nos faibles performances fiscales.  Cette situation, a indiqué Ariel Henry, réduit les marges de manœuvre de l’État pour répondre aux urgences sociales et aux exigences du développement économique ». « Les ressources mobilisées restent souvent insuffisantes pour couvrir les dépenses courantes.  Dans ce contexte, les investissements, pourtant essentiels à la croissance, sont sacrifiés d’année en année », a annoncé le chef du gouvernement.

Face à ces constats, nous devons accentuer nos efforts pour améliorer la mobilisation des ressources domestiques, a indiqué Ariel Henry, révélant qu’à « la fin du mois de juin, les recettes collectées par les administrations fiscales et douanières s’élèvent à 83,4 milliards de gourdes, ce qui représente 69% du montant programmé dans le budget 2021-2022 ». « Du côté des dépenses, les subventions aux produits pétroliers continuent de peser lourd sur l’exécution du budget ; et les investissements publics affichent une forte baisse, en dépit des achats d’équipements et de matériels pour renforcer la Sécurité nationale et de l’allocation importante au profit de la Politique nationale de protection et de promotion Sociales (PNPPS). Le financement de la BRH reste, malgré tout, a informé Ariel Henry, en deçà de la cible inscrite dans le Pacte de Gouvernance. Parallèlement, les émissions nettes de bons du trésor s’élèvent à 11,2 milliards de gourdes pour les trois premiers trimestres contre 6,7 pour la même période de l’exercice précédent ».

Optimisme déchanté

Le Premier ministre Ariel Henry, dans la lettre de cadrage du décret de budget qui arrive à terme le 1 octobre 2022, avait avec un certain optimiste qui déchante. « Malgré les contraintes imposées par l’environnement socio-politique et économique, le gouvernement entend restaurer la stabilité macroéconomique et la croissance, et renforcer les cadres de politiques économiques avec un ensemble de mesures réalistes, pour la plupart courageuses. C’est dans cette optique que je vous soumets, au nom du Gouvernement, la présente lettre de cadrage qui fixe les grandes orientations macroéconomiques et définit les grandes lignes de la politique budgétaire pour le reste de l’exercice fiscal 2021-2022 », pouvait-on lire dans cette lettre.

Le gouvernement, assez optimiste en avril 2022, prévoyait, deux mois après le début de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, que « l’activité économique devrait rebondir modérément au cours de l’exercice fiscal 2021-2022 avec une croissance du PIB réel d’environ 0.3%, soutenue par une reprise de l’investissement, à travers la mise en œuvre du PRIPS et le financement du secteur agricole dans un contexte d’une relative stabilité politique ». Cette lettre de cadrage situe le retour de la croissance du PIB avec la remise en place des institutions démocratiques, entre le 1er octobre 2022 et le 1er octobre 2023. «  Aussi, faudra-t-il attendre l’exercice fiscal 2022-2023 pour mettre en place les institutions démocratiques et renouer avec la croissance », prévoyait-elle.

 

 

 

Source: Le Nouveliste

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