Affrontement entre gangs à Cité Soleil: la terreur atteint son comble
Les affrontements entre gangs rivaux se poursuivent à Cité Soleil. Le pasteur Jean Enock Joseph, notable de la cité, confie qu’une situation grave s’y développe sur le plan humanitaire. « Dans le centre commercial de Cité Soleil, particulièrement dans la zone Ouest (Linthau1, Linthau 2, Brooklyn, Wharf). Ces quartiers sont assiégés.
Les personnes qui y vivent ne peuvent pas sortir depuis le vendredi 8 juillet pour s’approvisionner en nourriture et en eau, sans oublier les coupures d’électricité. Dans la majorité des cas, ce sont les gens d’en haut qui bloquent ceux d’en bas en les empêchant de sortir », a-t-il expliqué durant sa participation à l’émission Panel Magik sur Magik9 le mardi 12 avril.
Des blessés par balle se retrouvent coincés dans des zones de tirs. « Certaines personnes blessées par balle ne peuvent aller se faire soigner, car les ambulances ne veulent pas courir le risque de venir les chercher. De Vendredi à samedi, des ambulances de Médecins sans frontières sont allées récupérer des personnes blessées, arrivés à hauteur de E-Power en direction de la plaine du Cul-de-Sac, des hommes armés leurs ont interdits de secourir les personnes blessées d’en bas. Ils étaient obligés de les laisser. C’était pour la plupart des femmes et des enfants », s’est plaint M. Joseph.
Des personnes blessées ont emprunté la mer dans l’espoir de se faire soigner ailleurs. « G-Pèp et G-9 ont des ramifications partout. Des camps adverses les ont interceptées puis les ont achevées. Ceci est arrivé dans la zone de Fontamara. C’est grave », s’est indigné le pasteur Joseph.
La violence est à son comble à Cité Soleil. « Personne ne peut dire avec exactitude le nombre de personnes tuées au cours des affrontements, mais il dépasse les 60, 70 parce que chaque camp récupère les cadavres, gratte le sol et les enterre. Des camps adverses brûlent des cadavres et le reste est dévoré par des chiens ou des cochons. C’est cette situation qui se développe à Cité Soleil depuis le vendredi 8 juillet jusqu’à hier soir. Les rafales d’armes automatiques retentissent, sans répit, au-delà de 30 minutes. Les bandits ont assez de ressources pour s’affronter aussi longtemps. Il y a rareté de carburant mais pas de munitions », a indiqué Jean Enock Joseph, qui s’est questionné sur les sources d’approvisionnement des bandits.
Cette fois-ci, a-t-il ajouté, la majorité des personnes tuées sont des hommes armés, mais il y a aussi des gens de la population civile qui ont été victimes. Parmi eux, des spectateurs et des enfants. Dans un seul quartier plus de 40 personnes ont été blessées par balle.
Cette guerre a débuté depuis la mort de Ginel Louis, alias Ti Ougan, qui contrôlait le quartier de Boston tué par balle le vendredi 29 novembre 2021. De l’avis du pasteur Joseph, les gangs qui s’affrontent s’obstinent à contrôler de nouveaux territoires alors que les élus locaux et centraux se taisent. L’homme d’Église se plaint que la commune soit livrée à elle-même sans la présence d’autorités étatiques, notamment policières.
Le pasteur Joseph demande aux magistrats, aux responsables de commissions communales d’entreprendre des démarches pour demander au pouvoir central: le chef du gouvernement Ariel Henry, le ministre de l’Intérieur et des Collectivités territoriales, Liszt Quitel, le ministre de la Justice et de la Sécurité publique, Berto Dorcé, ainsi qu’au commandant en chef de la Police nationale d’Haïti (PNH), Frantz Elbé, de prendre des dispositions pour voler au secours des habitants de Cité Soleil dans les quarante-huit heures qui viennent. Au cas où leur demande se solderait par un échec, il les encourage à démissionner en bloc.
Source: Le Nouveliste