Haïti-Premier anniversaire de l’assassinat de Jovenel Moïse : Une commémoration de façade
Plusieurs activités officielles et officieuses ont eu lieu, le jeudi 7 juillet 2022, pour commémorer le premier anniversaire de l’assassinat, dans la nuit du mardi 6 au mercredi 7 juillet 2021, de l’ancien président de facto, Jovenel Moïse, a observé l’agence en ligne AlterPresse.
Quoi qu’il soit accusé d’implication dans son assassinat, le premier ministre de facto, Ariel Henry, n’a pas tari d’éloges au sujet de Jovenel Moïse, lors d’une cérémonie d’hommage en sa mémoire, organisée le jeudi 7 juillet 2022, dans les jardins du Musée du panthéon national (Mupanah), à Port-au-Prince.
Une gerbe de fleurs y a été déposée par le chef du gouvernement de facto, en mémoire de Jovenel Moïse assassiné.
Cette activité de commémoration, pour marquer la date d’assassinat de Jovenel Moise, est vue comme une façade par plus d’un.
Y étaient présents Ariel Henry, les membres de son cabinet ministériel, des ambassadeurs accrédités en Haïti, des représentantes et représentants de corps constitués de l’État, du haut commandement de la Police nationale d’Haïti (Pnh), du Haut état-major de l’embryon des Forces armées d’Haïti, entre autres.
Dans un message de circonstance, Ariel Henry a souligné, sans hésitation, combien Haïti serait encore en deuil, un an après cet assassinat.
« Cette situation plonge la nation dans un profond questionnement », exprime-t-il.
Comme à l’accoutumée, il a réitéré sa détermination à poursuivre et à traduire en justice les auteurs intellectuels, les complices et les exécutants de cet assassinat « crapuleux », dit-il.
Toutes les entités concernées doivent se constituer, afin que l’enquête aboutisse, souhaite le premier ministre de facto.
Pourtant, Ariel Henry a refusé, lui-même, de se présenter, le mardi 14 septembre 2021, au parquet près le tribunal civil de Port-au-Prince, pour donner des explications sur ses liens supposés avec Joseph Félix Badio, un des présumés auteurs du meurtre de Jovenel Moise.
« Le président Moïse a voulu, à sa manière, changer le cours de notre histoire… Son rêve d’une Haïti différente, où sera privilégié l’État de droit, où la justice deviendra la règle de vie de la société, une Haïti porteuse de progrès, de stabilité et de paix…c’est ce rêve qui devra être pour nous tous une source d’inspiration permanente », exagère, dans un tweet, le premier ministre de facto, sans mentionner les différentes manœuvres de Jovenel Moise pour démanteler plusieurs institutions nationales, comme l’Unité centrale de renseignements financiers (Ucref), la justice..
Jovenel Moise aurait été toujours dominé par un profond humanisme, par un souci d’intégration de la grande masse, par cette générosité du cœur aux revendications « de nos concitoyens, de ceux de l’arrière-pays, qu’il considérait comme des oubliés du système », aux yeux d’Ariel Henry.
De tels propos élogieux en faveur de feu Jovenel Moise ne cadrent pas avec la réalité qu’a connue Haïti durant son quinquennat.
Entre banalisation de la vie et complicité avec les gangs armés
La vie a été banalisée sous toutes formes, sous la présidence de Jovenel Moise, qui a été vivement décrié, maintes fois, par des organismes de défense des droits humains pour sa complicité présumée avec les gangs armés en Haïti.
De 2017 à 2021, 11 massacres ont été perpétrés dans le pays, dont 3 à Bel Air en moins de deux ans, avait souligné le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh).
Au moins 71 personnes mortes ont été recensées, lors de la tuerie, perpétrée les 1er et 13 novembre 2018, à La Saline (non loin du bord de mer de Port-au-Prince), a relaté un rapport, publié par le Rnddh, le jeudi 20 décembre 2018.
« Durant la période allant du 13 au 17 novembre 2018, des hommes, des femmes et même des enfants, âgés de seulement 4 ans, ont été abattus, leurs corps étant ensuite dévorés par des chiens et de cochons. Des femmes ont été violées et brûlées, de même qu’un officier de police, Juwon Durosier », a révélé une enquête de la Direction centrale de la police judiciaire (Dcpj).
Jovenel Moise a volontairement décidé de faire le silence sur cet acte barbare, lors d’une adresse à la nation, dans la soirée du mercredi 21 novembre 2018, plus d’une semaine après.
Ce silence n’a pas manqué de choquer plus d’un et mettre en exergue le coté cynique de Jovenel Moïse.
Cette indifférence s’apparentait à une campagne de banalisation de la vie des êtres humains d’origine sociale modeste, avait relevé le Bureau des avocats internationaux (Bai).
Joseph Pierre Richard Duplan, alors délégué départemental de l’Ouest et Fednel Monchéry, directeur général au Ministère de l’Intérieur et des collectivités territoriales (Mict), proches de Jovenel Moïse, à l’époque, ont été des responsables cités dans le massacre à La Saline, selon l’enquête policière, envoyée au commissaire du gouvernement près le tribunal civil de Port-au-Prince et confiée à un juge d’instruction.
Des témoignages accusent Joseph Pierre Richard Duplan et Fednel Monchéry d’avoir pris part à une réunion de planification, le 6 novembre 2018, à Delmas 6, une semaine avant le massacre, avait déjà relaté le Rnddh, dans un rapport.
Lors de la réunion, des armes auraient été distribuées aux personnes, qui effectueraient le carnage, selon le Rnddh.
Plus de 70 personnes, dont des autorités étatiques et deux anciens policiers nationaux, devraient être arrêtées pour « actes répréhensibles », liés à la tuerie, perpétrée le 13 novembre 2018, au quartier La Saline, a recommandé une enquête interne de la Direction centrale de la police judiciaire (Dcpj).
Le suivi sur ce dossier, relatif à ce massacre au quartier La Saline, peine, jusqu’à date (juillet 2022), à être effectué.
C’est également le cas pour de nombreux assassinats, perpétrés sous la présidence de Jovenel Moïse, comme ceux du bâtonnier de l’ordre des avocates et avocats de Port-au-Prince, Me. Monferrier Dorval, assassiné par balles, par des individus armés, dans la soirée du vendredi 28 août 2020, en sa résidence privée, à Pèlerin 5 (à l’est de la capitale), non loin de la résidence de Jovenel Moïse, du journaliste Diego Charles et de la militante féministe Marie Antoinette (Netty) Duclaire, abattus de plusieurs balles, le 29 juin 2021, à Christ-Roi, au centre-ville de Port-au-Prince.
Source: APR