À 32%, Haïti détient le ratio dette en pourcentage du PIB le plus faible de la Caraïbe en 2017

Écrit par Riphard Serent, MPA / Economiste / riphardserent@gmail.com | Radio Vision 2000

Le ratio  dette en pourcentage  du produit intérieur brut (PIB), c’est à-dire, ce que la dette publique représente dans le PIB, a toujours été une grande préoccupation pour des organisations internationales comme le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et l’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE) et s’est imposé depuis son inscription dans le Traité de  Maastricht comme l’un des critères d’évaluation des politiques économiques.

En effet, dans son dernier rapport sur les perspectives économiques de la région de l’Amérique Latine et de la Caraïbe, le FMI a publié ses projections pour 2017 et 2018 sur ensemble d’indicateurs, autre que la croissance, comme l’inflation, la balance des comptes courants en pourcentage du PIB, les dépenses publiques primaires en pourcentage du PIB et la dette publique des gouvernements de la région en pourcentage du PIB.

Une analyse de ce dernier rapport du FMI paru en Octobre dernier montre qu’Haïti est mieux placée au niveau de la Caraïbe, en termes de niveau de dette en pourcentage du PIB, soit environ 32% en 2017, devant la République Dominicaine (36%), Trinidad et Tobago (47%) et Saint Kitts and Navis (61%).

Au niveau de la Caraïbe, le pays qui détient le ratio de dette en pourcentage du PIB le plus élevé est la Jamaïque, soit 107%, ce qui veut dire que sur chaque 100 dollars que génère la Jamaïque comme richesse en 2017, le stock de la dette publique représente 107 dollars, soit plus que le PIB du pays, alors que ce chiffre est seulement de 32 dollars pour Haïti et 36 dollars pour la RD.

Les deux autres pays de la Caraïbe qui suivent la Jamaïque sont la Barbade avec un ratio dette en pourcentage du PIB de 97% et Antigua et Barbuda avec un ratio de 83%.

Même si des organisations comme le FMI et la Banque mondiale plaident toujours en faveur d’une réduction du poids de la dette en pourcentage du PIB, le cas d’Haïti nous montre qu’un faible ratio dette sur PIB ne veut pas dire que le pays se porte très bien, tant en termes de gestion des finances publiques qu’en termes de solvabilité ou de niveau de développement.

La Jamaïque qui a un niveau de dette publique qui dépasse le PIB du pays est beaucoup plus riche qu’Haïti avec un PIB ($ 14 milliards) presque deux fois  plus grand que celui d’Haïti et un PIB par habitant ($4,900) plus de 5 fois plus élevé que celui d’Haïti.

Donc, il est clair que le niveau du stock de la dette d’Haïti représentant aujourd’hui environ 32% du PIB n’est pas le problème, car des pays à revenu élevé ou intermédiaire élevé ont des dettes publiques représentant des niveaux élevés de leur PIB (Japon 239%, Etats-Unis 107%, France 96%, l’Espagne 100%, la Belgique 108% et le Portugal 133%). Le problème en Haïti est donc la diminution de notre capacité de solvabilité à cause d’un ensemble de facteurs d’ordre politique, économique et environnemental et nos choix de politiques en matière de gestion de la dette sur lesquels les autorités doivent agir pour ne pas compromettre l’avenir des finances publiques.

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