Des milliers de manifestants dans les rues ce 29 mars contre l’insécurité
Pour dire non à l’insécurité et non à la prolifération des cas d’enlèvement, des milliers de manifestants ont gagné les rues de la capitale ce mardi 29 mars. La marche a été lancée par le « Collectif 4 décembre » et endossée par de nombreuses organisations politiques. Jeunes, moins jeunes et figures politiques connues de l’ancienne opposition à Jovenel Moïse ont été remarqués sur le bitume. Sur les pancartes et banderoles sont indiqués des messages dénonçant l’insécurité et critiquant l’administration du Premier ministre Ariel Henry.
De l’avis d’Édouard Paultre du CONANE, le locataire de la Primature montre son incapacité à assurer la sécurité de la population. « Le gouvernement ne joue pas son rôle. Ce gouvernement est incompétent. S’il n’est pas en mesure de trouver un consensus pour résoudre ce problème, qu’il démissionne. On ne peut plus accepter la terreur imposée par les bandits », a-t-il assené. Édouard Paultre a appelé la population à affronter et à vaincre la peur.
Françoise s’est établie en Haïti depuis 35 ans. Comme tous ceux qui ont marché ce mardi, elle croit que les choses doivent changer. « Je travaille ici. On peut m’enlever à n’importe quel moment. La situation ne peut pas rester comme ça. On doit trouver une solution », a-t-elle déclaré. Pour sa part, l’ancien ministre de la Justice Lucmane Délille croit que la mobilisation citoyenne est indispensable à la recherche d’une solution à l’insécurité. « La situation est grave. On ne peut pas accepter que la société disparaisse à cause du kidnapping. Parce que les citoyens ne peuvent pas prendre les armes, la meilleure façon d’exprimer leur colère c’est la mobilisation », a-t-il avancé.
Plusieurs partis politiques dont UNIR-Haïti et le Rassemblement des démocrates nationaux progressistes (RDNP) ont endossé la marche du mardi 29 mars. Présent sur le macadam, le secrétaire général du RDNP, Éric Jean-Baptiste, a appelé la population à s’exprimer afin que sa voix puisse parvenir aux oreilles des autorités. « Nous ne sommes pas d’accord avec le kidnapping, l’insécurité, la vie chère, etc. Le peuple doit pouvoir s’exprimer. On ne va pas garder le silence. C’est ce qui explique notre présence aux côtés du peuple aujourd’hui », a fait savoir M. Jean Baptiste.
La manifestation a démarré à la rue Capois. Les protestataires ont ensuite arpenté l’avenue John Brown, la route de Nazon, la route de Delmas, birfurqué à Delmas 32 avant de clôturer la marche au Champ de Mars. Contacté par Le Nouvelliste en fin d’après-midi, le responsable du Collectif 4 décembre, Jean Robert Argant, a fait part de sa satisfaction en raison de la réussite de la marche. « J’ai rencontré énormément de personnes dans la marche d’aujourd’hui. Les gens ont gagné les rues malgré la peur. La manifestation s’est déroulée dans le calme. Il y a eu des manifestants d’opinions différentes, mais ils ont marché ensemble sous le regard de la police qui a fait un travail professionnel », a argumenté M. Argant.
Au tout début de la marche, l’ancien sénateur Steeven Benoit, Premier ministre élu de l’accord de Montana, a été chahuté par des manifestants. L’ancien parlementaire a dû quitter le cortège. Sur Twitter, il a présenté une version différente, affirmant que les militants étaient très heureux de le voir. « Il n’y a jamais eu d’agression ni physique ni verbale », peut-on lire sur son compte twitter. En entrevue avec le journal, Jean Robert Argant a déploré l’incident qui a impliqué le sénateur Benoit. « On m’a appelé pour me dire que le Premier ministre Benoit avait des difficultés dans la foule. Je me suis personnellement rendu auprès de lui au moment où il était entouré de gens ayant toutes les attitudes. Je lui ai demandé de se retirer de la marche pour ne pas faire de la provocation. Oui, il y a eu cette tentative d’agression contre le sénateur Benoit. J’en étais témoin. Ce que je condamne énergiquement », a déclaré Jean Robert Argant.
Les activités ont été au point mort dans la capitale ce mardi. En prévision de la marche, plusieurs écoles ont fermé leurs portes. Les transports en commun ont fonctionné au ralenti. Toutefois des banques, des maisons de transferts et certains supermarchés ont pu ouvrir leurs portes. Parallèlement, des manifestations ont également eu lieu dans des départements du grand Sud, coupés du reste du pays à cause de la guerre des gangs au niveau de Martissant. Aux Cayes, un avion a été incendié par des manifestants en furie qui ont envahi la piste de l’aéroport Antoine Simon des Cayes. Un mort et plusieurs blessés ont été enregistrés dans ce département.
Source: Le Nouveliste