Assassinat de Jovenel Moïse: le juge d’instruction, en fin de mandat, n’a encore ni des moyens ni le dossier

Plus de deux semaines après sa désignation pour enquêter sur l’assassinat du président Jovenel Moïse chez lui le 7 juillet 2021, le juge Merlan Belabre n’a toujours pas reçu le dossier. Alors que le ministre de la Justice et de la Sécurité publique, Me Berto Dorcé, avait promis dans une interview accordée la semaine dernière au Nouvelliste de mettre tous les moyens à la disposition du magistrat ce lundi 21 mars au plus tard, il n’en est rien du tout. Pire encore, le mandat du juge arrivera à terme dans moins de trois mois.

Outre le dossier et les moyens dont il ne dispose pas encore, le juge Merlan Belabre a évoqué une autre situation qui laisse planer des doutes sur l’avancement de l’instruction sur l’assassinat de Jovenel Moïse. «  Il y a des difficultés de toutes sortes », a-t-il dit dans une interview téléphonique accordée le lundi 21 mars au Nouvelliste. « Je suis en fin de mandat. Le temps qu’il me reste comme juge d’instruction ne me permettra pas de faire mon travail dans le délai prévu par la loi. Mon mandat arrivera à terme avant trois mois », a avancé le magistrat instructeur alors qu’il n’a même pas encore démarré son instruction.

Puisque depuis sa désignation il n’a jamais disposé du dossier, le magistrat a fait remarquer qu’il est impossible pour lui de produire le moindre acte et qu’il continue d’attendre le dossier et des moyens d’instruire l’affaire.

Le vendredi 4 mars 2021, le doyen du tribunal de première instance de Port-au-Prince, Me Bernard Saint-Vil, avait désigné le juge Merlan Belabre pour enquêter sur l’assassinat du président Jovenel Moïse chez lui le 7 juillet 2021. Environ 17 jours après, le magistrat instructeur n’a toujours pas reçu le dossier. Dans cette interview au Nouvelliste, le juge d’instruction n’était pas en mesure d’expliquer pourquoi on ne lui a pas encore acheminé le dossier.

« Non seulement je n’ai pas encore le dossier, je n’ai pas non plus les moyens pour faire mon travail, ce lundi 21 mars je n’ai parlé à personne », a-t-il fait savoir au journal.

Le juge Belabre a confirmé au Nouvelliste qu’il s’est entretenu vendredi dernier avec les membres du CSPJ sur les moyens qui devaient être mis à sa disposition dans le cadre de l’instruction du dossier. « J’ai rencontré les membres du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire, ils devaient entreprendre des démarches auprès du ministère de Finances afin d’avancer avec le dossier », a rapporté au journal le magistrat instructeur.

Dans une interview accordée au journal le jeudi 17 mars, le ministre de la Justice et de la Sécurité publique avait donné la garantie que tous les moyens seraient mis à la disposition du juge ce lundi 21 mars au plus tard. « … nous allons prendre toutes les dispositions pour donner au juge des moyens de transport, des agents de sécurité et des frais pour s’occuper de ces derniers… », avait promis Me Berto Dorcé.

Le Nouvelliste a tenté en vain d’entrer en contact, ce lundi 21 mars, avec le ministre pour savoir pourquoi ses promesses n’ont pas été respectées.

Assassiné chez lui le 7 juillet 2021, l’enquête sur l’assassinat du président Jovenel Moïse a été déjà confiée à quatre juges d’instruction : Mathieu Chanlatte, Garry Orélien, Chavannes Etienne et Merlan Belabre. Comme une patate chaude, les deux premiers magistrats instructeurs se sont déportés de l’affaire, le troisième a été écarté par le doyen et le quatrième, en fin de mandat, n’a toujours pas pu commencer son instruction environ 17 jours après sa désignation.

 

 

 

 

Source: Le Nouveliste

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