Dans la nouvelle Constitution, adieu « L’union fait la force », adieu drapeau bleu et rouge

Dans la dernière version de l’avant projet de la nouvelle constitution, les membres du Comité consultatif indépendant (CCI) ont procédé à plusieurs changements qui touchent à l’essence même de la République d’Haïti, son emblème et ses symboles.

Dès le titre 1er, dans les dispositions générales qui traitent des caractéristiques fondamentales de la République d’Haïti, le texte consacre le principe de la laïcité. « Haïti est une République, indivisible, souveraine, indépendante, libre, démocratique, laïque et solidaire ». L’ajout du terme « laïque » est important, Haïti n’a pas une tradition de laïcité. Certes, l’article 30 de la Constitution de 1987 consacrait la liberté de religion et de cultes et prévoyait que nul ne pouvait être contraint à suivre un enseignement religieux contraire à ces convictions, mais la laïcité va encore plus loin. En ce sens, elle implique, outre le libre exercice des cultes et la liberté de religion, la séparation des institutions publiques et des organisations religieuses. En érigeant Haïti comme un État laïc, est-ce la fin des Te Deum dans les Églises catholiques ?

Si cet avant-projet de Constitution s’avère final, elle emportera aussi la fin d’autres dispositions très importantes tenant compte de notre histoire de peuple et de notre lutte contre la dictature. En tout premier lieu, il faut mentionner la disparition des prescrits relatifs à notre drapeau. La Constitution de 1987 précisait en son article 2 que « les couleurs nationales sont le bleu et le rouge », aucune mention n’en est faite dans cette version de l’avant-projet de la nouvelle Constitution. De plus, l’article 3 du texte constitutionnel de 1987 y est complètement rayé aussi. Selon cet article : « l’emblème de la nation Haïtienne est le drapeau qui répond à la description suivante ; a) deux bandes d’étoffe d’égales dimensions : l’une bleue en haut, l’autre rouge en bas, placées horizontalement ; b) au centre, sur un carré d’étoffe blanche, sont disposées les Armes de la République; c) les armes de la République sont : le Palmiste surmonté du Bonnet de la Liberté et, ombrageant des ses palmes, un trophée d’armes avec la légende: L’union fait la force. ».

On n’ignore la raison pour laquelle les membres du CCI ont jugé bon de rayer tout bonnement cette disposition constitutionnelle qui pourtant remonte à 1803, on sait néanmoins qu’au cours de l’histoire, le drapeau haïtien a subi plusieurs mutations et que rien n’empêcherait aux futurs dirigeants de changer les couleurs nationales à leur guise un beau matin. On pourrait aussi questionner le bien fondé de « L’union fait la force », véritable cri de ralliement qui puise aussi sa source dans notre histoire de peuple.

Par ailleurs, il faut aussi noter un autre changement de taille. L’avant-projet de nouvelle Constitution renvoie aux calendes grecques l’interdiction du culte de la personnalité contenue dans la Constitution de 1987 en ses articles 7 et 7-1 qui se lisait comme suit : « Le culte de la personnalité ́ est formellement interdit. Les effigies, les noms de personnages vivants ne peuvent figurer sur la monnaie, les timbres, les vignettes. Il en est de même pour les bâtiments publics, les rues et les ouvrages d’art. L’utilisation d’effigie de personne décédée doit obtenir l’approbation de l’Assemblée nationale ».

Toutefois, la devise nationale demeure toujours « Liberté- Égalité- Fraternité. Le créole et le français restent les langues officielles du pays ». L’hymne nationale est la Dessalinienne et est introduit, le salut obligatoire au drapeau, élément absent de la Constitution de 1987.

 

 

 

 

 

Source: Le Nouveliste

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