Joseph Jouthe estime que la PNH est « disloquée », Rameau Normil rappelle aux policiers leur credo « Protéger et servir »
Les mouvements violents de protestation de l’organisation Fantom 509 constitués de policiers embarrassent le haut état-major de la police nationale. Si le directeur général de l’institution policière exhorte les policiers à se démarquer des actes de violence et à respecter leur credo « Protéger et servir », le Premier ministre Joseph Jouthe, qui est aussi le président du Conseil supérieur de la Police nationale, estime (CSPN) que la PNH est « disloquée ».
« C’est une police disloquée », a déclaré mercredi matin Joseph Jouthe sur radio Métropole. Selon le Premier ministre, les responsables ne sont ni l’actuel directeur général, ni Joseph Jouthe, ni Jovenel Moïse, « mais plusieurs groupes se sont mis ensemble pour disloquer la police. A quelle fin ? Je l’ignore… », a fait savoir le président du Conseil supérieur de la police nationale (CSPN).
Le Premier ministre estime que les policiers sont des laissés-pour-compte. Personne ne s’occupe d’eux, affirme le chef du gouvernement. « Chaque fois que les droits des policiers sont violés, je serai là pour les défendre envers et contre tous », a affirmé Joseph Jouthe. Le chef du CSPN a indiqué qu’il n’a pas à justifier le fait qu’il avait demandé samedi dernier au commissaire du gouvernement de libérer les cinq policiers emprisonnés au Pénitencier national dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat de Me Monferrier Dorval.
Sans citer le nom du commissaire du gouvernement qui avait envoyé les cinq policiers en prison, Joseph Jouthe demande au ministre de la Justice de trouver le fautif afin de le renvoyer ou de prendre des mesures conservatoires contre lui.
Alors que chaque jour Fantom 509 sème la panique dans la capitale pour exiger la libération du policier Jean Pascal Alexandre, le Premier ministre a fait savoir que le dossier de ce policier est au cabinet d’instruction. C’est au juge de décider de sa libération ou de l’envoyer dans un procès, rappelle M. Jouthe.
Le chef du CSPN dit avoir demandé une enquête administrative au sein de la PNH et l’application d’un veting réalisé depuis plusieurs années. « La loi doit régner au sein de la police ; j’ai demandé l’activation de la direction de bien-être, il doit y avoir plus de communication entre le haut état-major et les policiers », a avancé Joseph Jouthe.
Pour sa part, dans un communiqué, le directeur général de la police nationale a dit noter que suite à l’arrestation des cinq policiers de l’Unité départementale de maintien de l’ordre (UDMO), dans le cadre de l’enquête autour de la vandalisation de la maison de feu Me Monferrier DORVAL, une vague de violences a été enregistrée en dépit de la libération desdits policiers, le samedi 12 septembre 2020. « La direction générale de la Police nationale d’Haïti constate par ailleurs que la violence a eu raison de la gestion intelligente du moment et a entraîné la zone métropolitaine, voire l’opinion publique nationale dans une confusion exposant inutilement la sécurité publique. Ainsi, elle condamne avec véhémence le comportement des gens (Fantôm 509) se réclamant de l’institution policière qui revendiquent sur les réseaux sociaux cette violence en s’associant à des bandits de tout acabit pour incendier les biens publics et semer la terreur, empêchant du même coup la population de vaquer librement à ses occupations », a critiqué le chef de la PNH.
Le premier des policiers a invité les policiers « à se démarquer de ces individus malintentionnés et à se lier davantage à la couche saine de la population pour combattre cette insécurité devenue dégradante et avilissante, ce, pour rétablir la paix publique dans le pays. En conséquence, elle exhorte les policiers à se rappeler, leur serment d’allégeance et à consentir les sacrifices que leur impose le métier de service et de protection de la communauté. ‘’Servir et protéger’’, tel est le credo de la PNH ».
Selon Rameau Normil, « toute action policière contraire à ce credo conduira inexorablement les déviants à leur perte. Per fas et nefas, l’institution policière vivra ». Il a promis de poursuivre le travail de la professionnalisation de la PNH de vaincre l’insécurité d’où qu’elle vienne et de traîner les coupables devant l’instance judiciaire.
Après un après-midi de tension avec des actes de violence de Fantom 509 le mercredi 16 septembre, Evasion bar/restaurant, propriété de la femme du directeur central de la police administrative, a été incendié vers les 10 heures du soir. Le commissaire divisionnaire Berson Soljour estime que cet acte est lié à des instructions qu’il avait passées lors du mouvement de protestation de Fantom 509 qui avant avait incendié une dizaine de véhicules en moins de deux heures.
Source: Le Nouvelliste