Les bandits sont protégés par certaines autorités, selon le protecteur du citoyen

Le climat d’insécurité bat son plein dans la capitale et dans plusieurs villes de province. Sur la liste des dernières victimes des bandits figure Godson Joseph, un bébé de quatre mois tué par balle au moment où sa mère l’emmenait à l’hôpital. Un acte qui a soulevé la colère du protecteur des citoyens. «  Le mot n’est pas trop fort, je suis en colère. Au-dela de ma fonction en tant que protecteur du citoyen, je suis un père de famille », a fait savoir Renan Hédouville. Il dit noter la facilité avec laquelle les bandits peuvent se fédérer et passer du nord au sud de la capitale sans être inquiétés. « Les bandits se sentent soutenus. Ils sont protégés par certaines autorités tandis que la population est abandonnée à elle-même», affirme le protecteur du citoyen. Quelle que soit l’arme qu’il a à sa disposition, s’il ne bénéficie pas d’une « certaine bénédiction », aucun bandit ne se sentirait aussi à l’aise pour passer du nord au sud de la capitale, selon Renan Hédouville.

Sans le nommer, il a fait référence à Barbecue, ce puissant chef de gang que la police dit rechercher et qui participait durant la période d’état d’urgence à des activités de distribution de kits alimentaires au vu et au su de tout le monde, aux côtés de plusieurs agents de la PNH.

Le protecteur du citoyen interpelle directement le président de la République et le Premier ministre haïtien Joseph Jouthe. «  Comment se sentent-ils en tant que pères de famille? Quelle serait leur réaction si c’était leur enfant ou celui d’un de leurs proches », se demande Renan Hédouville avant de rappeler que le président de la République est au regard de la Constitution le premier garant du droit à la vie de la population qui est malheureusement « banalisé ». « Le deuxième personnage est le premier ministre qui est le chef du CSPN. Il y a aussi le ministre de la Justice, le ministre de l’Intérieur, le directeur général de la police nationale et le secrétaire d’État à la Sécurité publique », détaille-t-il.

Renan Hédouville dit noter une absence de volonté des autorités dans le cadre de la lutte contre le phénomène de l’insécurité afin de mettre fin aux actions des bandits. Le 15 juillet, après l’assassinat par balle de Méridjuna Fleurimond, un bébé de huit mois à Cité Soleil, M. Hédouville rappelle avoir écrit au Premier ministre, le chef du CSPN, pour attirer son attention sur ce cas en particulier, sur le phénomène de l’insécurité en général et sur les agressions dont ont été victimes les participants à deux sit-in pacifiques.  « Nous sommes aujourd’hui le 5 août, rien n’est fait et nous n’avons reçu aucune réponse du chef du gouvernemnent », se désole Renan Hédouville, affirmant qu’en tant que protecteur du citoyen il ne veut pas se faire « complice quand les choses vont mal ».

Personne ne devrait observer le silence vis-àvis du cas de Godson Joseph qui est révoltant, a déclaré le protecteur du citoyen. La population dans son ensemble a son mot à dire, croit Renan Hédouville, qui invite la population à se mobiliser de façon très pacifique. « Tous les secteurs vitaux doivent se sentir menacés et, par conséquent, se prononcer sur cette insécurité grandissante », lâche Renan Hédouville, pour qui le droit à la sécurité et à la protection n’est plus garanti aujourd’hui en Haïti.

Sachant que les autorités peuvent toujours s’opposer à tout mouvement de mobilisation des citoyens et prenant pour preuve les deux sit-in en faveur de la justice qui ont été réprimés par des agents de la PNH le 29 juin et le 6 juillet derniers, Renan Hédouville affirme que la population ne doit pas se laisser intimider.

 

 

 

Source: Le Nouveliste

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