Péligre: 100 millions de dollars décaissés pour deux entreprises étrangères et des turbines en panne
Le ministre des Travaux publics, Transports et Communications(TPTC), l’ingénieur Nader Joiséus, en charge du secteur énergétique, a dénoncé des «préjudices » subis par l’Etat et a exigé que la firme française Alstom Comelex GE ayant empoché 90 % d’un contrat de 100 millions de dollars dans le cadre d’un financement de la BID et de la Banque allemande de développement (KFW) répare à nouveau deux des trois turbines de 18 mégawatts chacune de la centrale hydroélectrique de Péligre tombées en panne respectivement 3 mois et 1 an et demi après leur réhabilitation totale.
La firme Alstom Comelex GE, pour les réparations, a empoché 90 % des 100 millions de dollars du contrat et la firme de supervision allemande Fitchnner ses 9 millions d’euro. Les deux turbines en panne portent préjudices à plus d’un titre à l’Etat qui, ne disposant pas des 54 mégawatts de Péligre, fait des débours en carburant pour faire fonctionner ses centrales thermiques. Les moteurs marchent beaucoup plus et les troubles sociaux provoqués par les demandes d’énergie électrique sont préjudiciables à l’Etat, a indiqué le ministre Nader Joiséus, en interview avec le journal le mardi 23 juin 2020. Le ministre a descendu en flammes la firme de supervision Fitchner et l’ED’H.
En réunion avec la BID sur le dossier, le ministre des TPTC s’est dit « révolté » et « étonné » de l’attitude de la firme de supervision, qui, loin de défendre les intérêts de l’Etat, plus intéressée au paiement des factures sur les 10 % du montant restant que sur la réparation des deux turbines. Le ministre a indiqué qu’il y a eu soit de la légèreté, de l’ignorance ou de la méchanceté de la part de la firme de supervision qui devait faire un rapport sur la qualité et la durée de ces réparations.
Sans ménagement, le président nominal du conseil d’administration de l’ED’H a tapé sur l’ED’H pour sa « légèreté ». L’une des turbines avait des problèmes depuis la phase d’essai après la réparation. Et l’ED’H n’a pas demandé à Alstom pour faire le nécessaire, a-t-il dit. « Je ne paierai aucune facture sans réparation », a fulminé l’ingénieur Joiséus. « Ces vagabondages ne peuvent plus continuer », a-t-il pesté, déplorant le fait que ni Alstom ni Fitchner n’aient de représentant en Haïti. La BID se positionne de notre côté, croit le ministre Nader Joiséus .
Le ministre des TPTC estime qu’il faut s’exprimer «sans filter » sur les dossiers d’intérêt général.
Source: Le Nouveliste