Cité Soleil redevient un mouroir à ciel ouvert…

En milieu de journée, lundi 1er juin 2020, l’agent 2 Wisnick Aristil, né le 13 avril 1984, a été tué de deux balles par des tireurs non identifiés, non loin du commissariat de Cité Soleil. Le policier, en civil, n’était pas en service au moment des faits. Il était sur sa moto quand il a été atteint de deux projectiles, l’une à la hanche et l’autre à la tête, a confié au journal le juge titulaire de Cité Soleil, Evens Levêque, après constat légal du cadavre effectué par l’un de ses assesseurs sous une pluie de balles autour de 5 heures p.m. Pendant des heures, le cadavre du policier a baigné dans son sang. Personne ne pouvait s’en approcher.

Wisnick Aristil était venu récupérer son chèque de 21 312 gourdes, a appris le journal. Le chèque a été retrouvé au fond de sa poche. Le commissaire de police Délin Boyer, responsable du commissariat de Cité Soleil, joint par le journal, a confirmé cet homicide sans rentrer dans les détails. « Nous essayons de faire ce qu’il faut pour contrôler la situation », a-t-il dit au journal. Le juge de paix Evens Levêque décrit une situation extrême difficile à la cité depuis la semaine dernière. Il confie avoir entendu les coups de feu. Mais il a été dans l’impossibilité de se rendre sur les lieux.

Des informations que le journal ne peut pas contrevérifier indiquent qu’au moins une demi-douzaine de personnes ont été tuées et des maisons incendiées lors d’une contre-offensive des hommes de Boston, alliés à ceux de Bélékou. Cette expédition punitive a fait plusieurs morts à « Sou tè », tout près de Brooklyn. Lors de cette attaque, la semaine dernière, des gens ont tenté de fuir par la mer. Encore aujourd’hui, une femme cherche son enfant après que l’esquif utilisé eut coulé, a expliqué notre source, soulignant que les funérailles de l’un des jeunes hommes tués à « Sou tè » ont été chantées ce lundi.

Seuls, comme Georges Floyd, cet Afro-Américain asphyxié par quatre policiers blancs à Minneapolis, des habitants de ce vaste bidonville, pris en otage par des gangs qui s’affrontent à l’arme automatique, meurent. Leurs cadavres n’entrent dans aucune statistique ni l’incendie de leurs taudis non plus. Souvent, des cadavres de victimes sont emportés, a confié le maire de Cité Soleil Jean Hislain Frédérick.

Plus au sud, à Martissant, entre samedi et dimanche, les armes ont chanté, des maisons sont parties dans les flammes. Le journal a appris que deux personnes ont été tuées dont un houngan, un prêtre vodou. Il aurait été exécuté par les hommes de Grand-Ravine et son corps enterré sur place, avons-nous appris.

Le mot est passé, le mode opératoire s’est installé. « Ils se débarrassent des cadavres. Pas de corps, pas de constat légal, pas d’Etat civil, aucune chance de procès », a confié une source judiciaire interrogée par le journal. Il y a des assassinats, des atrocités et des asphyxies de populations de quartiers pauvres dont personnes ne se soucient, a-t-il regretté.

 

 

Source: Le Nouveliste

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