EDH-Rationnement du courant de ville : Sabotage ou intrants de mauvaise qualité ?
Depuis plusieurs semaines, le courant de ville se fait de plus en plus rare, notamment dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Même les zones dites prioritaires, entre autres, le Champ-de-mars où se trouve le palais présidentiel ainsi que l’hôpital de l’université d’État d’Haïti (HUEH), le plus grand centre hospitalier public du pays, ne sont pas épargnées.
Les abonnés de l’Électricité d’Haïti (Ed’H), la compagnie nationale d’électricité, se plaignent de ce rationnement d’autant que les responsables de l’institution peinent à leur fournir des explications plausibles. Le Directeur de l’Institution Hervé Pierre Louis avait annoncé une amélioration pour la fin de ce mois d’avril. Dans une autre interview accordée à une station cette semaine le titulaire de la compagnie nationale d’électricité a repoussé cette amélioration à la mi-mai. Une belle façon de se jouer des citoyens confinés chez eux dans le noir et coupés du reste du monde.
N’était-ce pas pour améliorer la distribution de l’électricité dans le pays que le gouvernement avait pris, en novembre 2019, la possession des centrales électriques de Varreux que gérait la Société Générale d’Énergie SA (SOGENER) ? s’interroge plus d’un. Pourquoi le courant n’est pas disponible ces dernières semaines, se demande-t-on ?
Suivant la version officielle, cette situation serait due à des actes de sabotage du réseau. Le même refrain. Quand il y a amélioration c’est le Président lui-même, et quand cela ne va pas c’est du sabotage. Basta ! Le vice-président de la FESTREDH, fédération des syndicats des employés de l’EDH, Felix Pierre Michel, a évoqué cette semaine, une baisse de l’eau au niveau du barrage hydroélectrique de Péligre pour expliquer l’indisponibilité du courant de ville.
« Les difficultés auxquelles nous faisons face ne dépendent pas de l’Ed’H », a-t-il fait savoir cette semaine, sur une station de la Capitale. Oubliant que depuis plusieurs années l’EDH s’appuie sur les caprices de la nature pour assurer la distribution de cet élément stratégique dans la création d’emplois. Belle preuve de gestion d’une entreprise publique placée au cœur des activités économiques du pays. On parlait de 250 millions de dollars de subvention qui retardait énormément la rentabilité de cette compagnie. Cette subvention a été retirée, il faut donc s’attendre qu’à n’importe quel moment l’EDH sera mise en vente comme la Teleco.
Selon des informations obtenues par l’agence Haiti Press Network (HPN), de sources généralement bien informées, la rareté du courant de ville constatée ces dernières semaines est due à un mazout de mauvaise qualité acheté auprès d’un nouveau fournisseur.
Nous avons appris que la compagnie qui fournissait le fioul à l’État haïtien pour la production du courant de ville, ces cinq dernières années, a été écartée au profit d’un tout nouveau fournisseur et le mazout de mauvaise qualité, une cargaison de trente-deux mille (32 000) barils, est la toute première livraison à l’Ed’H.
La nouvelle compagnie en question n’est autre que l’entreprise d’ingénierie et de construction Preble-Rish Haiti SA et le contrat signé pour l’achat des 32 000 barils de mazout n’a pas bénéficié de l’aval de la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (CSC/CA) car Haiti est actuellement en État d’urgence en raison de la crise du nouveau Coronavirus.
Ce n’est pas la première fois que le nom de cette compagnie, appartenant à des proches du pouvoir, est pointée du doigt. Il faut souligner qu’un ancien proche du pouvoir exilé aux Etats Unis avait confié à HPN que l’Administration de Jovenel Moïse n’a aucunement l’intention de fournir de l’Electricité au pays. Et dès la promesse du courant 24/24 du chef de l’Etat, il avait remarqué qu’il s’agissait du Bluff. « Ils ne veulent vendre que des pilonnes électriques mon ami », a-t-il lancé à un journaliste de Haiti Press Network.
Récemment, la structure baptisée Ensemble Contre la Corruption (ECC), un consortium d’organisations de droits humains, a publié une note de presse pour dénoncer un contrat de 18 millions de dollars US que l’Administration Moïse / Jouthe aurait signé avec cette firme pour l’acquisition de matériels sanitaires en Chine.
Ce contrait ECC, n’aurait pas reçu l’aval du tribunal administratif, ni de celui de la commission nationale des marchés publics (CNMP), selon ECC qui exige que la lumière soit faite sur le dossier.
Rappelons également que la firme d’avocats EXPERTUS avait dénoncé la détention de Michael Estera, le citoyen haïtien qui avait été appréhendé, en février 2019, avec « les 7 mercenaires » arguant que ce dernier n’était autre qu’un chauffeur et traducteur travaillant pour le compte de la compagnie Preble-Rish Haiti SA.
Soucrce: HPN