Incendie de l’église catholique de Milot, doublement centenaire, « une catastrophe annoncée »
Lettre ouverte d’historiens et universitaires à la primature, aux autorités des Ministères de la culture, du tourisme et des industries créatives, de l’intérieur et des collectivités territoriales
En date du 13 avril 2020
Document soumis à AlterPresse
Mesdames / Messieurs,
Les signataires de cette lettre ouverte, citoyens haïtiens et représentants d’institutions du secteur privé, socio-professionnel et académique du pays, expriment leur indignation, face à cette catastrophe, qui réduit en cendres, dans la nuit du 12 au 13 avril 2020, la rotonde de l’église catholique de Milot, construite entre 1810 et 1813 par Henry Christophe. Une catastrophe, pour le moins annoncée, en cette année, qui rappelle le deux centième anniversaire de la mort du Roi Henry 1er, car nos monuments historiques, témoignages de notre histoire de peuple, mêmes ceux classés patrimoine mondial par l’Unesco, ne sont toujours pas sur la liste des priorités de nos dirigeants. Avec peu de moyens, l’organisme en charge de leur maintien, l’Institut de sauvegarde du patrimoine national (Ispan), ne peut assurer la sauvegarde de ces patrimoines.
Qu’est ce qui explique que le palais Sans Souci ne puisse avoir des agents de police 24/24 pour assurer la sécurité des lieux ?
Cette question se pose aussi bien pour la Citadelle, vandalisée, la veille, dans la nuit du 11 au 12 avril 2020. Vertières, au haut-du-Cap, servait d’espace d’exposition pour un dealer de voitures usagées dans le temps, et maintenant devient un atelier de soudure. A Breda, l’espace réservé à Toussaint ? Un endroit occupé par les mauvaises herbes et des immondices.
Trop de dirigeants n’osent prendre des décisions sérieuses, mais qui leur paraitraient impopulaires, dans la gestion de la chose publique. Car l’objectif ultime, c’est toujours les prochaines joutes électorales.
Bien sûr, les ressources de cet Etat faible sont limitées, et trop de fois mal utilisées. En raison justement de ses carences, il nous faut faire preuve de créativité et d’initiatives. L’Etat et la société civile doivent s’organiser pour trouver ensemble des pistes de solution en concertation avec des citoyens ou groupes organisés de la diaspora.
Arrêtons ce déni de notre histoire de peuple ! Il ne nous reste que ces monuments, témoignages de notre histoire de luttes, de souffrances et d’espoir.
Suivent les signatures :
Emile Eyma Jr.
Président
Société Capoise d’Histoire
Pierre Buteau
Président
Société Haïtienne d’histoire et de Géographie et de Géologie
Marc Georges
Président
Chambre de Commerce et d’Industrie du Nord (Ccin)
Ary Pierre
Président
Chambre de Commerce, d’Industrie et de Professionnels du Nord-Est (Ccipne)
Audalbert Bien-Aimé
Université d’Etat D’Haïti
Campus Limonade
Fritz Alphonse Jean
Président
INHOPP
Pour authentification :
Emile Eyma Jr.
Source: APR