Haïti-Crise politique : La rue continue de faire peur à Port-au-Prince
Hormis le cortège présidentiel qui continue de défiler dans des rues sauvagement sales et cyniques, où la vie paraît toujours terne, personne n’est à l’abri aujourd’hui dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince. Des jeunes hommes frustrés, anxieux et angoissés dressés derrière leurs barricades, agressent, volent et bastonnent en temps voulu de paisibles citoyens qui essaient de vaquer timidement à leurs activités, constate Haiti Press Network.
Il est vrai que la situation sécuritaire n’a pas toujours été normale à la capitale haïtienne depuis des années. Mais la ville fait ces jours-ci plus peur depuis le pourrissement, il y a plus de deux mois, de cette crise socio-politique aigüe qui tend à mettre en quarantaine toute la population sans pour autant être contaminée.
Les foyers de tension se multiplient partout et de jour en jour. À Pétion-Ville, à Delmas, à la Croix-des-Bouquets, à Tabarre, à Torcelle, au Boulevard Jean-Jacques Dessalines, au Bicentenaire, au Centre-ville, au Bel-Air, à Martissant, à Carrefour, sur les routes nationales, l’insécurité rode à chaque coin de rue. La sauvagerie, l’animosité et l’irrespect des uns prennent le dessus sur les droits des autres.
La situation est de plus en plus préoccupante avec des gens de tous les secteurs de la vie nationale, dont les membres d’une opposition sans queue ni tête qui continuent de réclamer la démission d’un président, lequel se montre plus que jamais accroché à son mandat présidentiel.
Aucun souci des deux côtés, peu importe l’avenir de la nation, y compris l’école qui ne fonctionne pas à la capitale et dans plusieurs grandes villes de province depuis tantôt dix semaines. La rue grimaçante fait peur.
Alors qu’on est dans un soi-disant régime démocratique qui nécessite de l’esprit critique et de discernement chez les citoyens et les citoyennes ; des activités cérébrales pourtant impossibles sans l’éducation qui est la base du développement durable.
Entre-temps, la vie se dégrade davantage. Les prix des produits de première nécessité continuent d’augmenter de jour en jour. Le pouvoir d’achat diminue de plus en plus pour ceux qui en avaient la possibilité d’aller au marché. Les ménages n’en peuvent plus. La misère noire s’accentue. La vie s’endurcit. Elle s’aggrave et devient un vrai enfer sous un régime qui disait pourtant vouloir changer les conditions de vie des plus faibles de la société. Bien que, il faut le reconnaître, ce régime ne soit pas le seul responsable de la situation qui sévit actuellement dans le pays.
L’État ne contrôle presque rien. L’électricité, le carburant, l’eau pour ne citer que ceux-là sont aux mains des particuliers. La sécurité des populations vivant dans les quartiers modestes et sensibles est sous le contrôle des bandits armés qui décident le droit de vie ou de mort d’aube en aube, de crépuscule en crépuscule.
Dans ces troubles où les protagonistes tirent sans relâche sur la corde raide, personne ne voit clair dans cette crise presque sans issue. Et, dans cette opacité vitale, l’avenir des enfants semble évidemment hypothéqué. On s’achemine donc vers le chaos, pense plus d’un. Le pays est au bord d’une explosion sociale.
Source: HPN